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Test et retour d'expérience par Eugénie Cottereau

Or donc, il y a 2 ans, j'ai rencontré un cavalier d'obstacle qui montait très bien, avec une vraie connaissance de la locomotion du cheval et tout - suffisamment pour que quand il me parle des guêtres de posture Impromove, qu'il avait utilisées avec succès, je l'écoute. Les gadgets, c'est mon truc. Pour peu que ça ait un intérêt technique, il faut que je teste. J'avais déjà vu ces guêtres, mais à plus de 300 balles la blague je m'étais pas arrêtée plus longtemps dessus. Mais ce monsieur m'a convaincue d'y rejeter un coup d'oeil. 

En lisant le descriptif, en fouinant sur le Net, les quelques témoignages que j'en ai lus m'ont intéressée par rapport à la problématique de mon welsh cob. En bon poney de traction, il est fort sur les épaules, et en bon welsh, il a un dos qui manque de force. Bref il a un équilibre de merde et pas assez de tonicité pour compenser, ce qui fait qu'au lieu de soutenir son garrot, il passe derrière la main en raccourcissant son encolure et en désengageant ses postérieurs. Pas vraiment les qualités d'un cheval de selle, en somme, et toute l'équitation avec lui est un challenge technique, que tant mon niveau équestre que mon assiduité ne permettent pas de compenser. Donc, je cherche tout ce qui peut être susceptible de nous aider.

Et là, la promesse des guêtres, c'est justement d'aider le cheval à piger comment monter le garrot et à améliorer la synchronisation de ses membres, via la stimulation des châtaignes. Gné? Oui bon c'est pas limpide comme ça, je te l'accorde.

En gros les guêtres ont été mises au point il y a une 20aine d'années par un physiothérapeuthe suisse, qui avait pris conscience que nombre des problèmes rencontrés chez ses patients étaient causés par le fait que le cheval de selle se déplaçait en sous-vitesse et dans un schéma postural qui ne correspondait pas à la façon dont son corps a évolué au fil des siècles (le tout avec le poids d'un cavalier sur le dos, encore moins prévu par Mère Nature...). Et donc, le fait d'appliquer un contact sur la châtaigne (vestige d'un métacarpien, qui élargissait autrefois les appuis au sol) rapporterait de la stabilité aux membres antérieurs, donc d'affermir la propulsion verticale des antérieurs, autorisant corrollairement un meilleur regroupement de tout l'ensemble des muscles pectoraux. Les guêtres agiraient donc un peu comme les petites roues d'un vélo! Le cheval peut ainsi ralentir, équilibrer ses appuis sur ses 4 pieds plutôt que de travailler uniquement sur son diagonal dominant (coucou la dissymétrie) et renforcer sa musculature de gainage (=posturale) plutôt que celle de sa locomotion horizontale (muscles superficiels). Il peut ainsi prendre le temps de comprendre où il pose ses pieds sans pour autant tomber dans le travers de ce que suppose souvent une allure ralentie, à savoir un cheval qui relâche ses muscles et se raccourcit.

Pour bien comprendre ces histoires de propulsion verticale et de développement des muscles thoraciques, je vous invite à relire cette traduction d'un article de la chercheuse Hillary Clayton. Il faut savoir que tous ces problèmes d'équilibre de l'avant-main et de soutien de la cage thoracique chez le cheval représentent environ la moitié des problèmes que l'on retrouve aux réglages et à l'équilibrage de la selle... donc, si on tire des grandes perspectives, ils représentent AU MOINS la moitié des problèmes d'équilibre et de locomotion chez le cheval de selle. Donc au moins la moitié des problèmes d'équitation sont liés au fait qu'on monte un animal dont le corps n'est pas fait pour porter, et qu'il faut "sculpter" en conséquence. On entend pas mal de gens s'insurger de voir des chevaux "body buildés" et tout. Je vous laisse lire la réponse de mon amie Pauline Barbier (Blooming Riders / D'un Cheval l'Autre) à ce sujet, puisqu'elle a déjà tout dit. 

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Bref, pour en revenir à mes moutons, je rencontrais de gros problèmes de gainage avec mon poney, et je peinais à lui faire développer les muscles nécessaires faute de technique et faute de temps.

J'ai donc essayé les guêtres, en suivant attentivement le guide qui est fourni avec. Je trouve ça d'ailleurs très bien, que la peine ait été prise de mettre un mode d'emploi détaillé avec une ligne de conduite, d'abord à pied puis en selle, pour que le cheval puisse intégrer progressivement son nouveau schéma postural et locomoteur dans des exercices du quotidien. Car c'est bien de cela dont il s'agit : en agissant aussi profondément, on reprogramme tout. Les guêtres sont un outil puissant, à mon avis à ne pas mettre dans toutes les mains, et il faut être assez affûté tant sur l'observation de la locomotion tant que sur le travail technique du cheval pour les utiliser correctement. 

Il faut serrer assez fort la lanière du bas pour qu'elles ne tournent ni ne descendent sur le carpe, la lanière du haut est en revanche assez lâche. Il est aussi recommandé d'avoir une paire par cheval, parce qu'à la longue, elles se "forment" à la conformation du membre. Bon, j'avoue, je n'en ai qu'une seule paire pour mes deux chevaux.

Très rapidement, j'ai vu des résultats assez bluffants sur Billy, et quand je le montais alors qu'il était équipé de guêtres, je me sentais "portée" comme rarement. J'ai aussi vu son corps changer, son garrot se dégager, son sternum remonter, son encolure se soutenir et sa gorge de pigeon s'effacer. Le tout combiné avec une augmentation de la régularité des séances, un changement d'enseignement pour quelque chose de plus cohérent biomécaniquement parlant, et in fine avec un changement d'embouchure, mon poney a vraiment évolué et surtout, c'était plus facile et plus durable. 

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Après un an d'utilisation, longe sur un sol en pente : amélioration de la flexion de l'arrière-main, meilleur soutien du dos

Donc j'ai testé sur Bilal, mon autre cheval, qui a une problématique toute autre : c'est un gros introverti et ça se sent dans sa manière de bouger. Il a beaucoup de puissance dans la propulsion de ses postérieurs, et n'est pas très éclaté devant. Donc quand il se met à pousser, les antérieurs ne suivent pas, il se bloque les épaules et il se plante net. En plus, il est dermiteux ++  et de mars à octobre, les tissus de son encolure et de son garrot sont inflammés. La dermite, c'est un problème de peau, qui est en lien avec l'immunité : donc ça impacte directement des méridiens (poumon, intestin grêle, maître coeur) qui passent pile dans la zone thorax / antérieurs... et d'ailleurs à chaque séance de thérapie manuelle, tout est toujours verrouillé dans cette zone. Bref, l'oeuf, la poule, et l'intérêt de la vision holistique pour comprendre tout ça.

Essayer les guêtres pour lui donner une perception différente de ses antérieurs, ça pouvait se révéler intéressant. Et de fait, ça l'a été. Le premier signe que j'ai vu chez lui, ça a été le relâchement des muscles sous l'encolure : pour une fois, ça bougeait au niveau de sa trachée! il a respiré aussi très différemment, plus amplement, comme s'il se détendait. Après quelques temps d'utilisation, j'ai senti sous la selle un cheval plus relâché, plus confiant dans ses appuis. Comme Billy, il a aussi bénéficier d'un super encadrement par ma coach et désormais collaboratrice chez Ergonomie Equestre, Sandrine, et est passé entre les mains expertes de Laetitia Ruzzene. Mais vu d'où on part, ça va prendre du temps...

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Après quelques mois d'utilisation, longe sur un sol en pente : meilleur geste des épaules,
mais l'amplitude de la foulée des antérieurs est encore inférieure à celle des postérieurs

Suite à tout ça, j'ai décidé de me mettre en contact avec Yaël André, la distributrice de ces guêtres. J'ai découvert une personne passionnée et passionnante, fine connaisseuse de son produit et de ses effets puisque utilisatrice depuis plus de 15 ans, et avec succès sur les chevaux qu'elle avait à l'entraînement ou en réhabilitation sportive. Nos échanges m'ont permis d'affiner encore plus ma compréhension de la locomotion et des impacts que peut avoir un matériel ergonomiquement bien conçu, sur les possibilités d'amélioration du potentiel physique des chevaux. Il faut savoir que Yaël a fait tester les guêtres à de nombreux vétérinaires spécialisés dans les pathologies locomotrices, dont le Pr. Denoix du Cirale, mais aussi par plein de cavaliers pros. Et si Michel Robert les utilise depuis très longtemps avec grand bonheur, d'autres comme Marie Demonte (CSO), Mathieu Lemoine (CCE) ou Clémence Jean (dressage) s'y sont aussi mis avec de très bons résultats à la clé. En termes d'amélioration des performances sportives, l'utilité de ces guêtres n'est plus à démontrer.

Mais moi ce qui m'intéresse, c'est de voir les résultats sur des chevaux comme les miens, des chevaux qui ne font pas de haut niveau voire pas de compétition, et qui sont maniés par des personnes moins avancées dans le sport. Parce que clairement, ce sont ces chevaux de loisir qui sont la majorité, qui sont souvent moins bien faits physiquement parce que pas des Ferrari à la base, et moins bien entraînés - donc plus sujets à avoir des problématiques importantes au niveau postural et locomoteur, et à nous poser problème à nous, chez Ergonomie Equestre, quand il s'agit de résoudre des adaptations de matériel un peu épineuses (que ce soit au niveau de l'embouchure ou de la selle, pas de jaloux!) 

 

Alors j'ai commencé à faire essayer à différents cavaliers et différents chevaux, pour obtenir des retours d'autres personnes, certaines pointues sur la locomotion et d'autres moins. Parfois sans résultat. Parfois avec de grandes satisfactions. J'ai ainsi reçu ces commentaires d'un instructeur de complet de ma région, qui les a essayées sur une jument qualifiée de "nulle en locomotion, trébuche tous les trois pas, ne sait pas quoi faire de ses pieds" : "amélioration impressionnante de la qualité de l'allure, meilleure attitude générale" avec une vidéo de la jument montée. Il y a des irrégularités c'est sûr, mais pour un cheval qui ne sait pas quoi faire de ses pieds...  

Yaël a plus récemment mis au point des guêtres postérieures, les Impromove Control, que contrairement aux Impromove Balance, Ergonomie Equestre ne distribue pas. J'ai commencé à les tester sur mes chevaux, mais n'ai pas encore suffisamment de recul pour en parler avec autant de précision. Comme elles aident les postérieurs à fonctionner à la même vitesse et avec la même amplitude, elles participent à la rectitude de propulsion et alignent les posers postérieurs sur les antérieurs. Les diagonaux sont symétrisés, la foulée générale devient plus ample...Elles ne sont à utiliser que sur un cheval qui est déjà bien familiarisé avec les guêtres antérieurs, et qui a déjà une idée de comment répartir son poids sur ses "4 plots" comme dit Yaël, parce qu'elles ont tendance à amplifier la propulsion postérieure. Si le cheval a déjà du mal à récupérer sa propulsion postérieure avec ses antérieurs en temps normal (comme c'est le cas pour Bilal, et pour beaucoup de chevaux de sport et de course - les trotteurs sont souvent presque caricaturaux), il ne faut donc surtout pas amplifier la foulée générale sans avoir équilibré l'avant-main au préalable...
Affaire à suivre !