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To couvre or not to couvre, that is the question qui anime bon nombre de discussions d'écuries, généralement à partir de fin octobre - début novembre (en août pour les Belges, poke les copains ;-)). Et puis couvrir comment d'ailleurs? trop chaud, pas assez chaud?
Et aussi, pourquoi couvrir? après tout, les chevaux sont nés avec des poils qui peuvent se transformer en fourrure l'hiver venu, et n'ont pas attendu la création de Horseware & co pour survivre, non?
Pour bien commencer, je vous invite à lire ce petit topo écrit par des vétérinaires, qui rappelle quelques données physiologiques et décrit comment aider un cheval lambda à bien vivre ses frimas. Mais il y a un paramètre qui n'est pas pris en compte dans cet article - tout comme dans la plupart des argumentaires généralement donnés pour ou contre les couvrantes. 
En hiver, on se gèle et il fait tout le temps nuit, donc on expédie la corvée d'écurie pour rentrer se caler devant Netflix avec un bol de soupe. Franchement, je comprends. On suppose donc de notre cheval qu'il soit vite disponible pour que ça aille vite et qu'on aille vite reprendre le cours de Grace & Frankie. C'est là que ça coince, sur la disponibilité du bestiau. On entend souvent dire "c'est l'hiver, il est raide" ou "l'hiver ça pique les fesses et il met des coups de cul". De fait, chaque hiver, je palpe beaucoup de muscles dorsaux très rigides, des lombaires bloquées en flexion, des culs serrés ; et des chevaux carrément grincheux au sellage ou au sanglage sans raisons apparentes.
La raison : ils ont les muscles crispés, parce qu'ils ont froid. Et plus il fait humide et / ou venteux, pire c'est. Certains chevaux bougent très peu, même au pré, même avec des dispositifs qui les obligent au mouvement (Paddock Paradise & co), et le froid les ankylose - et ils n'ont pas l'idée de courir partout pour se réchauffer. Certains chevaux sont frileux - et la race n'est pas une garantie de rusticité, l'une des pires frileuses que j'ai vue était une Mérens. Les chevaux sont comme nous, ils ne sont pas égaux face au froid. Quand on se les pèle, on se bloque tous les muscles. L'échauffement pour retrouver une disponibilité musculaire convenable doit en conséquence être beaucoup plus long et progressif que quand on est dans un climat agréable. 

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Face à ce constat, plusieurs gestes quotidiens sont à mettre en oeuvre (outre le fait de s'assurer que le cheval a un abri correct et des apports nutritifs suffisants pour bien vivre la saison froide of course) :
- palper régulièrement le dos, les reins et la croupe de son cheval pour s'assurer que les muscles ne sont pas tendus
- couvrir son cheval, même s'il n'est pas tondu, à partir du moment où on sent que le dos réagit au froid et qu'on veut pour autant continuer à le monter
- profiter du pansage pour lui réchauffer le dos : trucs thermiques façon fibre céramique, couvertures de massage, solarium, une ou deux bouillotes sous une séchante, massage de préparation avec un gel chauffant... y a plein de solutions!
- longer avant de monter, et seller après avoir longé
- stocker sa selle dans un endroit tempéré, pour que les matelassures ne soient pas dures comme du béton - ou marcher le cheval avec sa selle pendant quelques minutes avant de monter, le temps que les matelassures se réchauffent
- prendre le temps d'échauffer longuement et de faire un vrai retour au calme avant de desseller pour atténuer les impacts musculaires de l'entraînement
- ne pas oublier de sécher le cheval avant de le recouvrir et / ou de le remettre dehors s'il vente / pleut / caille / neige / blizzarde
Donc, le choix de la couverture pour un cheval monté régulièrement en hiver me semble assez judicieux, ne serait-ce que pour favoriser de bonnes conditions de travail et lui rester agréable. Lui n'a pas l'option Netflix / velouté de potiron pour se réchauffer...
Mais comment choisir la bonne couverture? 

Le cahier des charges attendu d'une bonne couverture peut se définir ainsi : protège le cheval sans l'abimer, est pratique d'utilisation et dure dans le temps. 
A mon sens, les deux premiers critères sont les plus importants. Pour ne pas abimer son cheval avec une couverture, trois choses :
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1. le choix de la taille, duh! (voir guide ci-dessous)

2. trouver une couverture dont la coupe correspond au cheval. Ca, c'est moins évident, car la "greffe" et la "sortie" de l'encolure, la longueur et la largeur des épaules, la hauteur et la longueur du garrot, la façon de bouger et de se rouler de l'animal viennent compléter la notion de taille de couverture, qui se décide par rapport à la longueur du cheval (voir guide des tailles BETA). Et les coupes sont différentes d'un fabricant à l'autre, obviously, sans pour autant qu'on ait plus de détails que ça... 

Cette question des fabricants de qui taille comment se généralise à la question de la confection, que ce soit encore une fois pour les couvertures, les selles, ou les couche-culottes. Les BONS fabricants ont pris des mesures sérieuses et emploient des matériaux adaptés, les MAUVAIS fabricants se sont basés sur des critères moins pertinents que l'ergonomie de leur produit et plutôt sur des détails (la couleur, les gadgets, tout ça), et les fabricants bas de gamme produisent des copies indifféremment reprises sur les modèles best-sellers des bons ou des mauvais fabricants, parfois surprenamment correctes mais la plupart du temps assez nazes.

3. un réglage cohérent : une couverture trop serrée va naturellement gêner le cheval aux entournures, mais les couvertures trop peu ajustées au poitrail glissent en arrière et compriment le garrot. D'où que la forme d'encolure de la chemise est importante.

Anecdotes maison : l'un de nos chevaux a un garrot très haut : il ne supporte que les couvertures dites "high neck" et passe son temps à essayer d'enlever tout ce qui a une coupe classique. Si on lui met ça, on le retrouve toujours quelques heures plus tard avec la couverture de travers ou sur l'encolure. A l'inverse, l'un de ses potes a un garrot plat et long, mais surtout des épaules très obliques, larges et longues : lui, il préfère une coupe "ras le cou", et une high neck (mal coupée) l'a blessé au garrot l'an passé. Cette méchante couverture est partie sur un troisième larron, qui a des épaules obliques mais courtes et surtout un garrot très court, et elle lui va parfaitement. Ce dernier gus a de la dermite et porte des couvertures en été : il adore celles, vertes, d'une certaine marque mais s'enfuit quand on arrive avec la couverture de rechange d'une autre marque, qui est blanche...

La notion de protection est le deuxième critère d'importance. La couvrance du corps du cheval est un premier facteur (avec un protège-cou? une protection ventrale? un rabat de queue?), mais il faut aussi adapter le grammage (voir ci-dessus) et l'imperméabilité : une couverture d'extérieur qui laisse passer la flotte est un drame pour le cheval en-dessous car risque de provoquer l'inverse de l'effet attendu... Gare, donc, à son étanchéité (les coutures, toujours regarder les coutures)!

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Pour le grammage, j'ai vu ce petit tableau qui semble assez intéressant, c'est une réduction d'un autre proposé par l'association British Equestrian Trade Association et qui est bien complet

Celui de BETA a l'avantage de comparer les conditions de vie cheval au box / cheval au pré, ce qui joue forcément un rôle important. Mais c'est un guide qui reste assez vague et ne tient pas compte des sensibilités individuelles. Apparemment, le capteur Orscanna est pas mal pour arriver à déterminer les solutions réellement adaptées à chaque individu, mais je ne l'ai jamais testé (mon smartphone a une trop petite mémoire pour avoir plein d'applis #excusebidonn°147).

Le guide BETA propose aussi, en 2e page, un guide de prises de mesures, parce que oui, la question des mesures se pose pour les couvertures, et entre les différents fabriquants, c'est pas simple de savoir qui taille comment.

Sans aller jusqu'à la valse des couvertures, qui est souvent un bon prétexte à ce que les tenanciers de pension refusent à s'occuper des manies couvrantes de leurs locataires (c'est clairement pénible quand on a 10 chevaux à couvrir découvrir recouvrir 15 fois / jour), pensez régulièrement à "aérer" cheval et couverture dès que le temps le permet. Un cheval qui marine sous une couverture trop longtemps, ça n'est pas très hygiénique... mais à l'inverse, trop d'hygiène n'est pas top non plus! les lessives employées pour laver les couvertures peuvent créer des réactions cutanées inattendues... attention à leur composition ;-)

Ah si, deux derniers trucs en faveur de la couverture : 

1. un cheval sans couverture qui vit dehors brûle plus de calories pour se réchauffer et profite donc moins des apports de sa nourriture : sans adaptation des apports de sa ration, il risque de maigrir, son dos "fond" et change de forme = problèmes de selle.

2. ça va quand même plus vite à brosser, un cheval couvert qui vit au pré. C'est la feignasse en moi qui parle, mais on parlait au début d'aller vite ;-)

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Et vous, quelles sont vos stratégies hivernales?