Jochen Schleese, j'en ai déjà un peu parlé sur mon blog, voir ici. Il publie (plus régulièrement que moi j'en ai peur) sur le blog de SaddleFit4Life des articles originaux, ou plus régulièrement des extraits de ses publications dans diverses revues. C'est un passionné très pointu, très précis, et doté de connaissances encyclopédiques qu'il partage volontiers et qui, personnellement, m'apportent beaucoup. En voici une, amicalement traduite par Anne Berkel-Gibaud, à lire en complément de mon article chez Cavalassur sur les atteintes graves ;-)
Cet article est tiré d'un article paru au début de l'année 2015 dans la revue Horse Sport à propos de l'augmentation inquiétante de cas de conflits des processus épineux chez les chevaux. Ce qui m'a incité à faire suivre l'information, c'est que je me suis trouvé face à un nombre inhabituel de chevaux affectés par ce problème, qui est en plus aggravé par un défaut d'ajustement des selles (pas les nôtres, Dieu merci!?)
Les avis sont partagés quant à l'origine du conflit des processus épineux : est-ce une maladie déjà présente à la naissance ou est-elle causée par un facteur extérieur à l'animal (une selle inadaptée, une mauvaise monte, etc...) qui fait partie de sa vie? Le docteur Carol Vischer, vétérinaire à New York avec qui je travaille de temps en temps (et qui a aimablement apporté sa contribution à mon livre Suffering in Silence), a mené des recherches approfondies sur "le conflit des processus épineux", révélant que, bien que cette maladie se déclare chez les chevaux qui y sont naturellement sensibles, elle est, qu'on le veuille ou non, amplifiée par de mauvaises habitudes de monte couplées à l'usage d'une selle inadaptée.
A gauche : radiographie d'une épine dorsale de cheval normale, à droite : radiographie révélant des zones blanches aux endroits de contact entre les os, phénomène appelé " kissing " (ou chevauchement). Remarquez la perte de densité osseuse aux autres endroits où les vertèbres sont " trouées ". Photos extraites de l'article “ Kissing Spines ” – publié dans la revue Horse Sport Magazine – avril 2015
Pour comprendre le rôle joué par la selle et son ajustement dans l'aggravation du conflit des processus épineux, il convient tout d'abord d'en examiner les effets sous-jacents. A l'instar des humains, les chevaux possèdent, en sus des réflexes habituels apportés par le conditionnement et le dressage, d'autres points de réflexe inconscients et incontrôlables. Les muscles répondent aux stimulus nerveux indépendamment de toute volonté.
Une selle trop longue, ou avec une arcade trop étroite, ou encore qui comprime l'espace entre les épaules (quand la largeur ou l'angle de l'arçon de selle sont incorrects) va peser sur un des points de réflexes spécifiques du cheval, ce qui peut engendrer de nombreux problèmes graves. La colonne vertébrale des équidés est munie de terminaisons nerveuses qui sortent du processus épineux. Ces terminaisons nerveuses constituent, de fait, des points "réflexe". Une simple pression sur la région comprise entre la 18 ème vertèbre thoracique et le garrot, comparable dans l'esprit mais quantitativement bien moindre à celle exercée par la selle et son cavalier (même avec un cavalier léger), suffit à affaisser le dos du cheval. Si le cheval devait conserver cette position tout le temps de la monte, il finirait par souffrir de cette pathologie appelée " conflit des processus épineux ", à supposer qu'elle ne soit pas déjà présente de naissance. C'est cette pression sur les terminaisons nerveuses, due à une gouttière trop étroite, une selle trop longue, ou une selle qui se déplace sur le dos du cheval du fait de l’asymétrie naturelle de ses mouvements, qui engendrera le creusement du dos, par réflexe pour échapper à la pression et/ou à la douleur qui en résulte.
Nombreux sont les chevaux dont les cavaliers, insuffisamment entraînés, oublient de faire travailler la gymnastique de base, les forçant à trotter avec seulement leurs jambes au lieu du dos tout entier (ce qui épate le public, certes). Mais je parie que beaucoup d'entre eux souffrent d'un conflit des processus épineux. Si le problème ne se pose pas au début, ce style de monte où le dos se creuse plutôt que de se tenir ne tardera cependant pas à contribuer au chevauchement des vertèbres les unes sur les autres.
La conclusion qui s'impose est qu'à défaut de pouvoir guérir le cheval, on peut au moins éviter une détérioration supplémentaire de la colonne du cheval en changeant sa façon de monter et en adaptant les caractéristiques de la selle à sa morphologie, lui garantissant ainsi un meilleur confort.
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