Puisqu'on est dans l'anecdote, allons-y à fond.
 
Je finis en ce moment de débourrer mon 2e cheval, un barbe. J'ai galopé pour la première fois sur son dos ce matin. J'ai eu l'immense joie de constater qu'il avait un très bon galop, et un peu les boules de constater que sans travail, sans effort, cette allure est chez lui mille fois meilleure que pour mon premier cheval, avec qui je travaille ça depuis 3 ans, et qui est un welsh cob, donc un cheval d'attelage à la base.
J'ai aussi eu énormément de facilité à seller mon poulain (une vieille Siegfried de 1970 sur Le Bon Coin, changement de laine, et selle mieux que sur mesure pour la somme totale de 150€ Maryse), alors que l'autre, j'y travaille depuis 4 ans et je suis toujours pas satisfaite du résultat.
 
La facilité à seller un cheval et la facilité de l'emploi du cheval sous la selle se rejoignent - c'est pour ça que j'en parle.
 
Il y a beaucoup de personnes qui font appel à mes connaissances parce qu'elles ont des chevaux difficiles à seller. Et c'est assez fréquent qu'il s'agisse de chevaux de trait, croisés trait, ou d'attelage.
Il faut bien se dire une chose : génétiquement, les chevaux faits pour tirer ne sont pas faits pour porter. La traction ne nécessite pas le même emploi des muscles, la même biomécanique, la même mobilisation de forces. L'effort se fait au niveau devant l'épaule et au poitrail. Le dos est court, et sert à une transmission rapide, sans décomposition du mouvement ni articulation (quand on voit un cheval d'attelage sauter, c'est rare d'avoir un bon passage de dos - ça ne veut pas dire qu'il saute mal ou qu'il n'a pas de puissance, mais il n'articule pas sa colonne vertébrale pour s'enrouler).

débardage

 

traction

 

Les traits servent de vecteurs, bien pratique pour voir comment est dirigé le mouvement!

Un cheval de selle, lui, va mettre ses forces dans le soutien de son garrot, et porter ainsi son cavalier. Naturellement, c'est un réflexe inné. C'est conditionné par des années, des décennies, des siècles (dans le cas du barbe, race millénaire s'il en est) d'élevage et de sélection génétique. Les points de force et leur utilisation sont pré-déterminés.
Oh, on peut toujours trouver des contre-exemples, indéniablement. Des SF ou des lusitaniens virtuoses de l'attelage (mais traction légère et sport! pas du labour...) VS des comtois qui dressent ou même un ardennais qui crosse, ça s'est vu. Et je n'ai bien entendu aucun problème avec ça. Le but de mon article est simplement d'expliquer la chose suivante : de façon générale, statistiquement, les gens qui mettent des selles sur des chevaux de selle ont beaucoup moins de soucis de saddle fitting que ceux qui essaient de seller un cheval pas conçu pour être monté.
Et j'ajouterais qu'on galère beaucoup moins à dresser un cheval né pour porter qu'à apprendre à porter à un cheval pas fait pour, et qui va devoir bénéficier de toute une éducation spécifique et d'un programme de musculature bien particulier avant de pouvoir prétendre être au même niveau qu'un cheval de selle au niveau de la locomotion sous la selle...
ligaments
Le mouvement de portée optimale s'obtient par la montée des vertèbres T13/T14
et l'extension des ligaments nucchal et supra-épineux
(PS : mon welsh cob n'est pas à vendre!!!)