Un an et quelque plus tard, on prend (presque) les mêmes et on recommence.

écuries

Petit cadre idyllique

En réalité, le stage a pour moi commencé jeudi après-midi, même si les journées de cours étaient vendredi et samedi. Mon petit cheval et moi avons pu bénéficier d'une séance de soins chacun, et c'était bien intéressant d'observer le travail sur humains et sur chevaux. 

Vendredi matin, le stage en lui-même commence par le traditionnel petit déj', suivi d'un speech. La thématique cette fois-ci : l'attitude à adopter lorsque l'on veut prodiguer un soin. Etant donné que le public se constitue en grande partie d'ostéopathes et de kinés, les réflexions qui surgissent sont fort intéressantes. Et ça fait même écho à mes interrogations personnelles, suite à un dialogue animé la veille au soir avec une collègue saddle fitter où se posait clairement la question des motivations et du positionnement à adopter en tant que professionnel auprès des clients. Jean-Michel tombe donc à pic (encore une fois).
L'attitude, c'est à la fois une question physique et mentale. Mentale, parce qu'il faut que l'on soit bien au clair avec ses propres motivations - se méfier de la notion de "don", qui n'est que très rarement gratuit, et bien se demander ce que l'on attend en échange... Physique, parce qu'on doit se tenir d'une certaine façon - notre posture reflétant de toute façon clairement notre état d'esprit! Vient la mise en pratique de cette posture. L'idée, c'est d'être détendu, d'abandonner toute pensée parasite, et de se centrer dans ses pieds, dans sa respiration (décidément, c'est le thème récurrent de tous les stages que j'ai pu faire ces 12 derniers mois!) On travaille ensuite l'approche, et Jean-Mi nous fait sentir l'importance de la bulle d'énergie - la fameuse bulle dont tout le monde parle!

Pause du midi, caillette. L'après-midi est consacré à l'apprentissage de la palpation. Déterminante pour le reste des soins, car c'est elle qui permet de dresser le bilan - but des soins : modifier le bilan. Tout simple. Attention à ne pas confondre bilan et diagnostic : le bilan, c'est un état des lieux objectifs sans chercher à tirer des conclusions ; le diagnostic, lui, recherche les causes des conséquences ressenties. Pour moi, la palpation est déjà un outil de travail au quotidien, et je la pratique énormément. Seulement, je me contente d'une palpation globale assez superficielle pour me contenter uniquement du travail sur le dos, et parfois sans jamais trop savoir ce que je dois rechercher ; le but du stage est donc de m'aider à organiser mon travail, d'aller à l'essentiel, et de déterminer rapidement les vrais gros problèmes. La méthodologie est simple, mais doit respecter un ordre précis : état général, bouche, tête, encolure, colonne vertébrale, cage thoracique, antérieurs, postérieurs. Sont à palper les principales articulations, les grands groupes musculaires. Recherche des signes de dysfonction, des cicatrices, de chaleurs anormales. Le temps de développer chaque geste, de faire re-préciser certains points, de mettre en application ce que Jean-Michel nous montre sur Espoir, et il est déjà l'heure de l'apéro. 

Samedi matin, rappel des faits sur le grand Quartz, puis nouveau groupe de chevaux : cette fois-ci, c'est à nous de dresser notre propre bilan. Ecueil de l'étudiant zélé : prendre plus de temps qu'il n'en faut! Avec Hélène, on bosse sur un gentil espagnol gris : mâchoire déviée à droite, C4 C5 à gauche et ligament nucchal gonflé, des contractures dans les lombaires, une illiaque postérieure inexistante (???), de grosses difficultés à la palpation des postérieurs puisque le cheval ne veut même pas donner ses membres. Les jarrets sont chaud bouillants. C'est un peu cool de se rendre compte que quand on sait quoi regarder et comment le faire, on arrive à déceler assez facilement les problèmes principaux d'un cheval. Reste à comment savoir les soigner, mais pour ça il faut plusieurs années d'études... Limite j'aurais envie de faire un cursus d'ostéo juste pour ma culture personnelle, maintenant!

L'après-midi est dévolu au massage. Jean-Mi nous explique à quel point ces techniques, qui peuvent ressembler à de vagues papouilles pour public non averti, peuvent être puissantes, plus puissantes même que des techniques de physio ou d'ostéo plus complexes. Pression superficielle ou profonde, dynamique ou statique, percussion, palper-rouler, "tuggle" : il nous montre les principaux gestes, nous explique les questions de rythme (très importantes en fonction du but visé, énergisant ou décontractant), et nous laisse pratiquer sur les chevaux. Mon gros poney m'indique très clairement ce qu'il aime ou pas. C'est une super nouvelle façon de communiquer avec son cheval, et d'apprendre à le connaître encore un peu mieux.

A l'issue de ces deux jours de stage, ma conclusion a été identique à celle de l'an passé : tous les cavaliers, propriétaires ou pas, amateurs ou professionnels, qu'ils fassent de la balade ou du concours à haut niveau, devraient faire ce type de stage. C'est vraiment très important de savoir palper correctement un cheval pour déterminer si tout va bien, vraiment la base de la base. Les techniques de massage vues cette fois-ci vont clairement m'aider dans ma pratique professionnelle, pour aider mes clients aux dos abîmés... Lors de l'année passée, j'ai souvent recommandé le bouquin de Jean-Michel lors de consultations. Quand j'ai utilisé les techniques de stretching, j'ai souvent eu des résultats immédiats intéressants, et lorsque les propriétaires ont continué à appliquer régulièrement ces techniques, des changements impressionnants ont parfois eu lieu : des locomotions transformées, des dos retendus...

Le message de Jean-Michel est simple : les soins par un professionnel c'est bien, avec un suivi c'est mieux. Si on ne continue pas régulièrement à informer le corps, il retombera dans ses anciens travers. Donc, cavaliers-propriétaires : impliquez-vous dans les soins à vos chevaux! N'hésitez pas à demander aux pros qui suivent vos animaux quels gestes vous pouvez employer pour leur confort et leur performance. Et n'oubliez pas, in fine, que l'équitation que vous pratiquez est une forme d'ostéopathie, puisque vous transmettez continuellement des informations physiques à votre cheval sur son attitude et son déplacement. Mieux vous montez, meilleur ostéo vous serez (et si vous montez comme des bûcherons, ne vous étonnez pas que votre cheval ne soit pas plus agréable qu'une bûche...)

Paix et amour.