En cette fin de mois d'août, était organisé à l'écurie où je prends des cours avec mon cheval, un stage de stretching et d'approche de l'ostéopathie. Evidemment j'ai sauté sur l'occasion, c'est juste parfait pour me permettre de continuer à progresser dans ma connaissance du cheval.
Deux nota bene à ce niveau de la réflexion :
1. plus on avance dans la connaissance, plus on se rend compte qu'on ne sait rien.
2. certains excellents techniciens à cheval ne sont pas des hommes de chevaux. Certaines personnes ne montant pas du tout à cheval sont parmi les meilleurs hommes de chevaux que je connaisse.
C'est le cas pour Glenn, par exemple (mon formateur). C'est également le cas de Jean-Michel. Ancien kiné et ostéo humain spécialisé dans les pathologies du sportif de haut niveau, il est devenu ostéopathe équin dans les années 90 et a notamment bossé avec le Dr Giniaux. Toute sa bio ici. Le bonhomme est fun, amical, chaleureux. Il est aussi incroyablement cultivé, passionné par son travail, par les chevaux évidemment, mais par tout le reste aussi, avec une approche holistique incroyable (d'ailleurs il était trop content qu'on soit deux à travailler en sellerie autour de la table, c'était une première en 16 ans qu'il organise ce genre de stages).
Un aperçu de sa personnalité et de sa philosophie :
Conf ostéo équine Boudard jean michel par Ecole_OsteopathieEquine
Le stage à proprement parler commence par 3 h de théorie, sur la terrasse ombragée de nos hôtes, avec les montagnes autour et de fabuleux croissants au beurre. Un air de paradis, tout ça. Donc, la théorie, il nous explique son point de vue holistique : il établit clairement que l'ostéopathie n'est pas LE truc absolu, qu'il faut travailler avec un bon parage, un bon véto, une bonne alimentation, un bon mode d'hébergement, une bonne selle... et que ce qui reste le plus complexe dans tout ça c'est le cavalier, son physique, sa psychologie, son équitation. Qu'on peut faire toutes les manip ostéo qu'on veut, s'il y a un schéma récurrent, c'est que le problème est ailleurs...
Bref, ça j'aime. Ca déprime aussi, mais c'est passionnant.
On passe à la pratique. Le thème du stage c'est "stretching pour le cheval et pour le cavalier". D'abord il nous explique que ce type de stretching n'est pas du stretching en force, le but c'est d'aller en douceur, dans la facilité. En gros une articulation = un système de poulies entre deux muscles antagonistes, si ça bloque dans un sens mais pas dans l'autre, c'est que la poulie est desaxée. Donc on va aller dans l'étirement dans le sens "facile" pour recentrer la poulie, et améliorer de ce fait le côté difficile.
Il nous fait d'abord tester ça sur nous, juste pour voir nos résistances (ce qui nous permet d'en apprendre + sur nous), et grâce à notre binôme, se faire un début de "sentiment de la main". Quand je tente d'interpréter mes résistances par rapport à ce que je sais de mes blocages récurrents, je me prends un tacle : on est là pour faire du physique pur, pas du mental. Bien Monsieur.
Après le repas, on travaille sur les chevaux. La première demi-journée est consacrée à l'analyse des antérieurs : d'abord trouver le "point neutre" de la jambe sans contact au sol, une sensation d'équilibre primordiale pour "connaître" la jambe. Puis on teste toutes les articulations pour sentir leur amplitude. On note les ressentis, l'élasticité ou le verrouillage. On passe d'un cheval à l'autre, pour sentir les différences de l'un à l'autre : l'orientation, le poids, la raideur, les défenses... Et enfin on passe au stretching musculaire, on teste l'amplitude de chaque membre devant, derrière, et sur les côtés. L'idée : tenir 3 minutes la position "facile" pour le cheval.
Le plus difficile, c'est de bien se placer, de trouver notre propre "point neutre" pour garder une attitude détendue, sans force, qui nous permet de ne pas parasiter ce que l'on ressent du cheval. Marrant, c'est ce que j'explique à tous mes cavaliers d'une part à propos de leur selle (qui doit être un "point neutre"), d'autre part à propos de leur position, qui doit être neutre aussi pour être capable de bouger dans toutes les directions...
Après l'apéro du soir, où l'on discute d'entraînement des chevaux, chacun s'écroule dans son plumard, fatigué par l'intensivité de l'apprentissage. Ca n'a pas l'air comme ça, mais ça demande énormément de concentration. Apprentissage d'un protocole, d'une grille de lecture, des sensations... chaud.
Le lendemain matin, on attaque par une séance de stretching sur nous-mêmes. Au soleil, sur la pelouse, au milieu des paddocks : le pied.
Puis deuxième groupe de chevaux, sur qui l'on répète le même protocole de flexions, d'étirements, cette fois-ci sur les postérieurs (les articulations étant différentes, l'idée est la même mais pas les gestes). J'ai commencé avec Aurélie sur Leader, un IMMENSE cheval d'1m80 minimum, assez raide... ben l'ostéopathie c'est physique. Pas en muscles "gymnastiques" mais en muscles posturaux. Pas la bonne tenue = tu te flingues les lombaires en 10 secondes.
L'après-midi, on retrouve le premier groupe de chevaux, sur lesquels on va travailler le streching de la colonne vertébrale, qui est limité certes, mais important. Deux points d'entrée : la queue, qui permet de tester l'ondulation du dos du cheval ; et la tête et l'encolure. Au niveau de la tête, Jean-Michel nous propose un premier test super intéressant : savoir dans quelle position le cheval est mieux, en gros en position "placé" ou en position "en extension". A ce moment, il peste contre les cavaliers étho dont les chevaux cèdent à toutes les pressions et sont du coup incapables de répondre correctement à ce type de tests. Les tests sont cela dit assez clairs : la plupart des chevaux détestent la position "placé" de but en blanc, et se sentent bien mieux la nuque ouverte. Pour lui, c'est ce test qui nous permet de savoir comment échauffer notre cheval à la détente - a priori, plutôt une détente musculaire globale avec le bout de devant libre. Il nous montre aussi comment stretcher l'encolure en flexion, déterminer quel côté de la flexion est le plus facile et confortable pour le cheval ; puis comment libérer l'ATM en travaillant sur la langue (encore plus efficace que les cessions de mâchoire).
Et c'est déjà la fin.
Deux conclusions s'imposent :
1. tous les cavaliers, pro ou pas, devraient faire ce type de stages. Si vous avez l'occasion, sérieusement, sautez sur l'occasion, c'est génial, super enrichissant. Le mot de la fin du Monsieur c'était "entraînez-vous, maintenant que vous avez la base. Plus vous ferez de chevaux, plus vos mains seront sensibles. Mais attention à respecter toujours les principes de base : le point neutre, et jamais dans la force". Vous pensez bien que tous les participants n'avaient qu'une idée en tête, essayer ça sur leurs propres chevaux =) (ce que j'ai d'ailleurs commencé dans la foulée sur mon poney, mais que je dois refaire plus méthodiquement ce week-end).
Pour ceux qui n'auraient pas l'occasion de faire un stage, vous pouvez en apprendre plus sur les techniques en lisant son livre.
2. j'ai hâte de faire le 2e module de cette approche de l'ostéo, qui traitera des massages et de la palpation.
Génial le compte-rendu, ça avait l'air excellent