Faute de temps pour écrire de vrais articles de fond (promis, pendant mes vacances je m'y remets), je remplis un peu ces pages avec une traduction d'un article de l'excellent site TheHorse.com, un site Internet américain qui constitue une véritable bibliothèque d'articles sur les chevaux et plus spécifiquement, sur les soins au sens très large du terme (maladies, blessures, locomotion, élevage, ostéopathie, pieds nus ou pas, bref, absolument TOUT ce qui touche de près ou de loin aux équidés).
L'article consacré au saddle fitting date de mai 1998. Les Sellnow, un éleveur-auteur qui a notamment publié des bouquins sur la locomotion, y résume le discours d'une grande figure de la recherche en saddle fitting, le Dr Joyce Harman. Cette vétérinaire américaine a publié plusieurs écrits sur la question, et notamment l'excellent Pain Free Back and Saddle fitting book (ma Bible, il existe à la fois pour les selles classiques ET les selles western) ; elle a une approche vétérinaire du cheval très intéressante, basée sur l'holistique (outre la médecine vétérinaire et son intérêt pour le saddle fitting, elle est également acupunctrice, homéopathe et chiropractrice). C'est une sommité dans notre discipline, en gros. Et une sommité tout court en matière de chevaux.
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Porter des bottes ou des chaussures qui ne sont pas adaptées à vos pieds peut se révéler inconfortable, voire douloureux. A tel point qu'en réalité, peu d'entre nous tolérerions cette condition, et nous filerions à la boutique la plus proche pour acheter une paire de chaussures plus confortables. Donc en plus d'avoir les moyens d'exprimer le problème, nous avons aussi, en général, les moyens d'y remédier.
Le cheval qui porte un cavalier et qui a une selle mal adaptée n'a pas autant de chance. Parfois, à sa façon, le cheval essaiera de nous dire qu'il a mal à cause d'un matériel inadapté, mais la solution à ce problème dépendra du bon vouloir du cavalier ou du propriétaire.
Joyce C. Harman, DVM (Doctor of Veterinary Medicin), MRCVS (Member of the Royal College of Veterinary Surgeons), de la clinique équine Harmany à Washington (Va) est l'une des praticiennes les plus impliquées dans la recherche sur les selles et leur adaptation. Harman a écrit des articles, mené des débats sur le sujet, et a réalisé une présentation à l'assemblée de l'Association of Equine Sports Medicine à Saint Antonio (Texas) en 1997. Elle a beaucoup écrit sur le sujet, et a notamment publié un livre (NDT : dont je parle dans mon intro).
"La selle est un mal nécessaire pour le cheval de compétition" explique-t-elle. "C'est une structure rigide qui connecte les deux structures dynamiques du cavalier et du cheval. L'adaptation et la position de la selle affectent le mouvement du cheval et la possibilité du cavalier de communiquer ses ordres au cheval. La selle contribue pour une grande part au syndrome de la mauvaise performance, aux problèmes de comportement et aux boiteries que l'on rencontre chez tous les chevaux, dans toutes les disciplines."
"Ajuster correctement une structure rigide au dos d'un cheval peut être source de confusion, voire de frustration, parce que de nombreuses variables sont à prendre en compte. Il y a également une question d'argent. Rares sont les propriétaires qui peuvent se permettre d'avoir une nouvelle selle faite spécialement pour chaque cheval de leur écurie. Et s'ils ne possèdent qu'un seul cheval, que faire d'une nouvelle selle sur mesure si on vend le cheval, ou qu'il meurt, et qu'on en rachète un?"
La selle n'est pas en soi une invention moderne, mais elle n'a pas toujours été utilisée par les cavaliers.
L'Histoire nous montre que les Romains ont été les premiers à utiliser des selles dans leur cavalerie, vers 400 avant J.-C.
Reconstitution d'une selle romaine, trouvée en Grande-Bretagne sur le site de Caerleon.
On note les 4 pommeaux et l'absence d'étriers.
Source : http://www.limebrook.com/saddlehistory.html
Les guerriers à cheval les plus téméraires et belliqueux sont certainement les Huns des hordes d'Attila. Ils ont déferlé sur les plaines européennes, battant à plate couture ce qui était à l'époque des armées modernes et sophistiquées... en montant sans selle, et parfois sans bride. Ces cavaliers étaient tellement talentueux qu'ils pouvaient monter à cru, à toute allure, et décocher dans le même temps des volées de flèches par-dessus et même en dessous de l'encolure de leur chevaux. Leur seule aide, hormis des jambes puissantes et un équilibre exceptionnel, était une boucle de crins tressée dans la crinière à travers laquelle ils passaient un bras. Comme ils guidaient leurs chevaux avec l'assiette et les jambes, leurs deux mains étaient libres de manier les armes.
Ces guerriers, cependant, évitaient les selles, de crainte qu'elles fassent mal aux dos de leurs chevaux, rendant ainsi l'animal incapable de se déplacer sur les longues distances parcourues lors des raids. Ces cavaliers voyageaient donc sur des centaines de kilomètres en utilisant 3 chevaux. Ils passaient ainsi de l'un à l'autre, ne s'arrêtant que lors de courtes pauses pour se reposer et permettre aux chevaux de brouter. Ils semblaient penser qu'une selle ne conviendrait pas à 3 chevaux différents. Ils devaient également avoir compris qu'au cours de leurs voyages et de leurs combats, les chevaux changeraient d'état, de condition. Plus la campagne avançait dans le temps, plus les chevaux perdraient de poids. Ainsi, une selle parfaitement adaptée au départ ne le serait probablement plus au bout d'un mois de déplacement.
Malheureusement pour les chevaux, les humains décidèrent par la suite de ne pas suivre l'exemple de ces guerriers sauvages, et de monter avec des selles.
Les selles européennes en usage au Moyen-Age et aux époques ultérieures sont des évolutions des selles antiques. A ce propos, on trouve pas mal d'informations sur un blog très intéressant, Dariusz Caballeros (en anglais). Ces selles étaient constituées de battes avant et arrière, de quartiers courts, elles ont notamment évoluer en selles à piquer.
Avec la découverte des Amériques et du Grand Ouest, la conception de la selle a évolué pour donner un outil plus robuste, plus adapté à des distances très longues et à des terrains montagneux. La selle Western est née ainsi, par nécessité. Le précurseur de ce style de selle a été mis au point à Santa Fe, au Nouveau Mexique. C'était une structure en bois nu, avec un haut pommeau, un troussequin, une corne et de nombreux points d'attaches. Elle était prévue non seulement pour porter le cavalier, mais également pour y attacher un paquetage complet.
Ce design a par la suite évolué, d'abord pour le travail quotidien des cow boys, puis pour les cavaliers de rodéo, et enfin, pour donner satisfaction au cavalier qui recherchait le confort lors de longues sorties avec sa monture.
Rapidement, la fabrication de selles est devenue une industrie importante, et les plus grosses manufactures en produisaient par milliers. Aujourd'hui, on trouve toujours des selliers indépendants qui peuvent fabriquer des selles pour un cavalier et un cheval, mais la plupart d'entre elles sont produites à la chaîne.
Avec la production de masse sont apparus les problèmes d'adaptation. C'est quasiment impossible pour un cavalier de rentrer dans une sellerie, et de sélectionner LA selle parmi les dizaines de modèles disponibles, en étant certain qu'elle conviendra au cheval pour qui elle est achetée. La seule façon d'en être sûr, c'est de la mettre sur le dos du cheval et de monter avec... mais dans ce cas, si la selle ne convient pas et qu'elle présente des traces d'usure, la sellerie ne la reprendra pas.
Masquer le problème avec des tapis
De nombreux cavaliers tentent de corriger un problème d'adaptation de la selle avec un tapis ou un amortisseur. Mais souvent, ça ne fonctionne pas, souligne Joyce Harman. "De nombreux tapis de selle disponibles sur le marché ont été conçus pour répondre à des problèmes d'adaptation. Cependant, la plupart d'entre eux créent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent. Placer un amortisseur sous une selle déjà trop étroite peut être comparé à une chaussette trop épaise dans une chaussure déjà trop étroite. La pression augmente, et mène à une atrophie musculaire. Cependant, un amortisseur sous une selle adaptée absorbe les chocs et peut être très bénéfique".
Quand une selle n'est pas adaptée, ou mal positionnée sur le dos du cheval, elle entraîne des douleurs dans les tissus de l'encolure et du dos. Avec ces douleurs apparaissent généralement des problèmes de comportement.
Signes de douleur
"Il y a de nombreuses causes aux dorsalgies, et la plus fréquente chez le cheval au travail est générée par la selle - soit par une mauvaise adaptation, soit par un mauvais placement" explique Harman.
Cependant, ajoute-t-elle, les maux de dos peuvent être générés également par le cavalier ou d'autres facteurs, même si la selle est bien ajustée et positionnée. "Le manque d'équilibre du cavalier, causé par des blocages ou douleurs ; un faible niveau équestre ; des sabots inégaux et mal parés / ferrés ; une douleur dans la bouche à cause de surdents, de mauvaises mains, ou d'un mors inadapté : voilà des causes fréquentes. Toutes peuvent résulter à un effondrement du dos, à un renversement de l'encolure, et à des tentatives répétées de fuir le cavalier. La performance optimum ne peut être atteinte qu'en respectant tous ces aspects de la relation cheval / cavalier, les uns après les autres".
Quand le cheval souffre du dos, que ce soit à cause d'une selle inadaptée ou d'un mauvais cavalier, les résultats sont plus ou moins marqués. Cela va d'une protestation occasionnelle au moment du sellage, à un cheval qui rue sans cesse, mettant ainsi la sécurité du cavalier en danger.
Harman liste les signaux de douleur :
- objection à être sellé
- difficulté à être paré / ferré
- bouge peu dans son champ, ou au contraire se roule et rue excessivement
- sensation d'un dos qui ne répond pas sous la selle
- cheval lent à être échauffé ou à se décontracter
- résistances au travail
- difficultés à changer de main
- difficultés au rassembler, perd l'impulsion
- résiste aux aides, a besoin d'aides fortes en permanence
- toujours sur l'oeil
- manque de concentration sur le cavalier et ses aides, de modéré à complètement hors de contrôle
- se jette sur les barres, précipite, ou refuse fréquemment
- fait tomber les barres
- se précipite en terrain varié, a du mal à utiliser son dos et ses postérieurs
- ne reste jamais droit, se traverse sur ses sauts
- ne peut / veut pas donner une attitude ronde dans le dos et l'encolure
- fouaille de la queue, plaque les oreilles, grince des dents, secoue la tête
- hypersensibilité au pansage, refuse d'être touché
- mauvaise attitude générale, qui empire avec le temps
Je résiste jamais à mettre une photo de la tronche malaimable de mon poney =)
Plus sérieusement, sur cette page on a une belle brochette de "problèmes"
"De nombreuses, voire la plupart des difficultés rencontrées lors du travail des chevaux peuvent être attribuées à des selles qui créent des douleurs dans le dos et l'encolure" précise Harman. "Ces signes sont des messages de la part des chevaux, qui indiquent que quelque chose ne va pas. Il y a certainement d'autres signes encore qui ne sont pas dans la liste, que l'on rencontrera chez certains chevaux. Si un problème est détecté, commencez toujours par vérifier la selle pour voir si elle ne serait pas par hasard à l'origine du problème. Si c'est le cas, une selle correctement adaptée améliorera considérablement les performances" (ce à quoi j'ajoute que l'amélioration n'est pas toujours immédiate, il faut parfois un peu de temps pour que le cheval oublie le souvenir de la douleur).
Mais avant de vous précipiter pour acheter une nouvelle selle, si votre cheval présente certains des signes déterminés ci-dessus, il serait sage d'avoir l'avis d'un praticien de santé sur le dos de votre cheval pour déterminer quel est le problème, et à quel endroit il se situe. On peut tenter de le faire soi-même, mais à moins d'être parfaitement au fait du fonctionnement musculaire et des différentes réactions aux stimuli, les résultats peuvent être confus. Harman explique qu'une bonne approche est d'abord de palper fermement les longissimus dorsi (les dorsaux, qui courent de part et d'autre de la colonne) avec un ou deux doigts à 6 ou 7 cm de la colonne.
"Si l'on détecte une douleur dans cette région, où passent les principaux méridiens d'acupuncture, ce sera le signe que la performance peut être plus ou moins compromise. La réaction à la douleur varie d'une contracture légère des muscles alentours, d'un frémissement léger du muscle à certains endroits, à une fuite en avant ou en creusant le dos avec raidissement du muscle dorsal. La contraction extrême (mise en tension du muscle jusqu'à le figer) est une réponse courante chez de nombreux chevaux, car cela fait moins mal quand le muscle endolori est contracté que lorsqu'il est relâché. Ce qui peut être trompeur, car le cheval n'a pas l'air de fuir la pression. Mais certains chevaux contractent tellement le dos qu'on dirait qu'ils vont ruer. D'ailleurs, sous la selle, ce sont des chevaux qui ruent souvent, surtout pendant l'échauffement."
Certes, cela requiert d'être formé à certaines techniques pour examiner et interpréter correctement les résultats lorsque l'on vérifie si un cheval n'a pas mal au dos, mais certains signes sont tellement évidents qu'il est facile de les interpréter :
- plaies apparentes
- poils blancs sous la selle
- gonfles temporaires après le retrait de la selle
- cicatrices, contractures musculaires
- atrophie des muscles de part et d'autre du garrot
Les inénarrables poils blancs sont extrêmement fréquents, particulièrement sur les chevaux de roping d'ailleurs (bon, en Europe, pas vraiment ; ce que je constate dans ma pratique, ce sont soit des chevaux à très haut garrot qui sont montés avec des selles trop close contact pour eux, donc les poils sont sur la ligne de dos ; soit de part et d'autre du garrot, sous les pointes de l'arçon, lorsque les selles sont trop étroites - et ça va de pair, à la longue, avec une atrophie des trapèzes. Les poils blancs concentrés sont plutôt signe d'une réponse à la pression, les poils blancs diffus, eux, résultent plutôt de frottements).
"Les poils blancs apparaissent en réponse à la pression de la selle, et peuvent parfois être le seul signal visuel d'un problème sous-jacent. La pression altère le follicule pileux, qui produit alors un poil blanc. Si le dommage n'est pas trop sévère, et la pression supprimée, les poils blancs disparaîtront à la prochaine mue. Cependant, il est fréquent que le dommage soit tel que le follicule pileux ne reviendra jamais à la normale, et le poil blanc restera à vie. La seule solution dans ce cas c'est de changer la selle, quoi qu'il en soit".
Adapter correctement la selle
Nous en arrivons maintenant au coeur du sujet : l'adaptation de la selle au dos du cheval. Les critères de base à respecter lorsque l'on étudie une selle sont les suivants, d'après Harman :
- la structure de la selle
- la place de la selle sur le dos
- le contact des panneaux le long du dos - pas de pont (le pont apparaît lorsqu'une selle est placée trop en avant, ou est trop étroite. Un pont apparaît entre les épaules et l'arrière de la selle, le poids du cavalier est distribué sur 4 points, de part et d'autre du garrot, et de part et d'autre de la colonne vertébrale, à l'aplomb du troussequin) (je rajoute qu'un pont apparaît également si la forme générale de la selle n'est pas bonne pour le dos : selle trop plate / dos trop creux).
- une largeur suffisante des panneaux, pour un bon soutien
- une gouttière large qui dégage entièrement la colonne vertébrale (en général, pas moins de 8 cm de large)
- l'adaptation de l'arçon au dos du cheval, surtout au niveau du garrot
- une selle stable, placée au centre du dos
- un siège bien d'équerre, équilibré en son centre
"La structure de la selle est capitale", explique Harman, "mais les fabricants de selles ne pratiquent pas suffisamment de contrôle qualité. De la sorte, de nombreuses selles neuves ont déjà de gros défauts : arçons tordus, panneaux / quartiers asymétriques. Le coût initial de la selle n'est d'ailleurs pas un critère de qualité, car l'on retrouve ces défauts quel que soit la réputation du sellier. Il faut examiner la selle avec attention, sous tous les angles, et bien vérifier son équilibre et sa symétrie."
Une fois qu'on est bien certain que la selle est correctement conçue, il faut savoir la placer correctement sur le dos du cheval.
"La position de la selle est l'aspect le plus important de son adaptation. L'erreur la plus fréquente, c'est de voir des selles placées trop en avant. Cette position place l'arçon rigide sur le haut de l'omoplate du cheval, ce qui restreint grandement le mouvement de l'antérieur. Si l'on recule la selle à sa place, la foulée prend immédiatement de l'ampleur.
Dans de la cas d'une selle anglaise, si elle est placée trop en avant, le pommeau est trop haut. L'assiette du cavalier se retrouve au fond de la selle, trop proche du troussequin, et les jambes sont tirées en avant, l'équilibre est précaire. Le cavalier tente alors de rééquilibrer son siège en plaçant un pad sous l'arrière de la selle... mais avec une selle correctement adaptée et placée, le siège n'a pas besoin de pad pour être d'aplomb.
Genre, sur cette photo.
Il est fort possible que la selle ait avancé car la conformation du cheval est particulière.
Dans le cas d'une selle western placée trop en avant, des pressions excessives s'applique sur le haut de l'épaule, mais le siège reste d'aplomb malgré tout grâce au design de la selle. Le fait de reculer la selle à sa place libèrera l'épaule. Sur certaines selles western, on aura une amélioration d'équilibre au niveau du siège, mais parfois ça mettra le cavalier trop en avant : c'est que la conception de la selle n'est pas adaptée au couple cheval / cavalier. Il est également fréquent que le pommeau soit alors trop proche du garrot, l'arche n'est pas assez prononcée. Les selles plus compactes, comme celles de barrel, ou celles pour les dos courts comme les arabes, sont plus faciles à placer correctement (assez fréquemment, la selle bien placée à l'avant se retrouve trop longue au niveau des reins)."
Bichette, il me fait trop pitié Pompon!
"Si la selle, quelle qu'elle soit, n'est pas adaptée en premier lieu, aucun changement au niveau de son placement ne corrigera le problème".
Les panneaux portent et répartissent le poids du cavalier sur le dos du cheval. Une selle bien adaptée et positionnée distribue ce poids de façon égale, sur toute la surface portante. La chose importante à propos des selles classiques, souligne Harman, c'est que le panneau soit suffisamment large pour offrir un maximum de soutien, sans perdre de vue le fait qu'en fonction du dos qu'ils habillent ils doivent avoir une certaine forme. La largeur de la gouttière entre eux est aussi importante, de sorte à libérer complètement la colonne vertébrale de toute pression, et de permettre ses mouvements latéraux et longitudinaux.
"L'angle des panneaux doit suivre l'angle du dos du cheval sous le troussequin. Beaucoup de selles ont un angle trop étroit, et appuient trop de ce fait sur les bords externes, générant une douleur au centre du muscle long dorsal.
Les selles anglaises doivent être reflockées (rembourrées) tous les ans, voire plus fréquemment, pour maintenir un contact optimal avec le dos du cheval. La selle doit être d'aplomb au centre du dos, supportée par les panneaux, la colonne libre de toute pression parce qu'elle n'est pas destinée à porter du poids directement. Il n'y a pas de muscle sur la colonne vertébrale pour amortir les pressions, or la pression directement sur l'os est extrêmement douloureuse, et peut à terme mener à la détérioration du ligament supra-épineux. Certains études anglaises semblent indiquer que ce ligament est plus fréquemment abimé qu'on ne le croit, et qu'il est de ce fait couramment concerné dans les divers cas de dorsalgie."
L'un des points les plus importants pour déterminer si la selle va, c'est vraiment l'équilibre du siège quand on regarde la selle posée sur le dos du cheval, de profil. Une selle qui n'est pas équilibrée ne permettra pas au cavalier de l'être, et il ne pourra donc pas monter correctement. "Une selle trop étroite aura le pommeau trop haut, puisque l'arçon est trop fermé pour épouser les contours du garrot, donc il reste perché. Le poids du cavalier est placé au niveau du troussequin, les jambes du cavalier trop en avant - c'est d'aillleurs l'un des défauts les plus courants. Une selle trop large va basculer vers l'avant, plaçant le cavalier "à la fenêtre" et lui faisant reculer les jambes."
(je note qu'en effet, ce que je j'observe va dans le sens de ce que Joyce Harman note. On a souvent des selles trop étroites et trop en avant, et donc des cavaliers trop en arrière de leur selle, assis sur le gras du cul et la patte sur l'épaule du cheval. Et les monitrices-poissonnières auront beau hurler "recule ta jambe" sur leurs élèves, la selle leur ramènera la jambe implacablement en avant).
Ca c'est un grand classique.
En rouge l'équilibre de la selle.
En vert l'aplomb de l'assiette du cavalier.
Au croisement des deux droites, l'endroit où se trouve le poids de la cavalière.
Le point jaune représente grosso modo l'endroit où il devrait se trouver avec une selle bien équilibrée...
donc forcément : la jambe est en avant!
Les selles trop larges sont un vrai danger pour le garrot : trop proches de celui-ci, elles causent fréquemment des plaies ouvertes dramatiques.
L'emploi d'une règle flexible pour mesurer le dos d'un cheval est d'une grande aide pour l'adaptation de la selle. D'après Harman, "une règle flexible que l'on se procure dans un magasin d'arts plastiques est un outil facile à employer et qui fonctionne bien pour avoir une idée de l'ouverture de l'arçon. On peut ainsi mouler le garrot du cheval, et reporter la forme sur un carton, que l'on découpe le long du tracé. La forme ainsi obtenue et tenue sous une selle permet de savoir si l'ouverture de la selle correspond ou pas."
Pour compliquer ce processus plutôt simple, il faut garder en mémoire le fait que les chevaux changent de morphologie, et que les contours du garrot se musclent au travail, surtout après une période d'arrêt. "Les chevaux de compétition changent grosso modo trois fois pendant la saison ; ils sont larges et lourds au début du travail, perdent du poids en milieu de saison, et se retrouvent fit, voire étroit à la fin de l'année - surtout si la saison a été chargée. C'est précisément là que le saddle fitting devient compliqué. Une selle avec un arçon ajustable aide dans une certaine mesure, mais ne suffit pas forcément [après elle dit des trucs qui étaient vrais en 1998 mais qui ne le sont plus aujourd'hui, au sujet de la mauvaise qualité de ces selles - maintenant on en trouve des ajustables ET de bonne qualité!]".
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(je modère son truc sur les chevaux de compétition : c'est vrai en fait pour les chevaux de propriétaires amateurs, mais pas vrai pour les chevaux de compétition pro qui sont au boulot quasi toute l'année donc ne changent guère. Le plus difficile, c'est quand on a un cheval monté occasionnellement, pas "bossé" du tout, et qui se cogne d'un coup 1 semaine de rando. Là, c'est mission impossible...)
j'ai ma jument qui aurait perdu 2 tailles d arcade... elle est sellée avec kent and master. Est ce du à une atrophie des muscles ou est ce normal? Elle sort en endurance.