Lorsque Camille m’a gentiment envoyé un article sur la selle Wade dans ce magazine, je me suis empressée de le lire (surtout que Camille m'avait prévenue : "y a des trucs qui vont te faire grimper au plafond").

J'étais quand même loin d'imaginer ça. Quelle déception de lire une publication d’aussi pauvre qualité ! (même si elle figure probablement dans le top 3 de mon bêtisier)

J’ai donc fait suivre à mon amie Aurélie Jouan d’AAJ Saddlery à Voiron, sellière western qualifiée et tout à fait qualifiée pour traiter de « saddle fitting » western,  pour qu’elle m’aide à rédiger une correction point par point, de cet article.

A LA DEMANDE DU MAGAZINE, LES SCANS SONT RETIRES.

De notre point de vue, le cheval vient en premier dans le choix de la selle car on lui impose notre poids sur son dos. Ensuite vient le cavalier qui a évidemment besoin d’une selle adaptée à sa morphologie et à sa pratique. L'esthétique vient en dernier.

Nous ne sommes ni l’une ni l’autre dans la mouvance éthologique, juste dans la recherche de la meilleure solution de « communication » entre le cheval et son cavalier. Vouloir une selle éthologique est complètement absurde, un non-sens absolu. Ethymologiquement, éthologie vient du grec « ethos » (caractère, façon d’être, habitudes d’un individu) et « logos » (langage, et par extension la pensée, la rationalisation, la systématisation) et signifie donc, en français moderne, l’étude des caractères et des habitudes d’un individu ou groupe d’individus. Vouloir étudier le caractère d’une selle, c’est … comment dire, j’hésite entre consternant et hilarant.

Quant à Aurélie, elle a probablement réagi encore plus fortement que moi, car selon ses mots « je n'ai JAMAIS vu autant d'inepties, d'idées reçues, d'approximations et  d'arguments faux et inadaptés dans un seul article ».

Nous sommes outrées de voir que des journalistes puissent écrire de telles choses dans un journal destinée au grand public. N'est-ce pas une des missions d'un journaliste que de vérifier ses informations et être sûr de ses sources avant de publier?

A lire cet article, on comprend mieux pourquoi tant de selles "Wade" se retrouvent en vente sur internet et pire, pourquoi Aurélie voit de nombreux clients avec des selles western qui blessent leurs chevaux! C’est parce qu’ils les achètent pour de mauvaises raisons, suite à un mauvais conseil… comme celui de l’article, et de son auteur.

Notre commentaire s’articule en deux parties : premièrement, nous allons corriger les points sur lesquels nous pouvons apporter des précisions simples et limpides.
Ensuite, Aurélie va re-cadrer  les choses de manière précise concernant les selles western et les fameuses "Wade", parce que là, y a tout à refaire. Il faut arrêter de comparer selle classique et selle western, et la différence de position entre les deux. Ce sont 2  types de selles structurellement différentes  qui amènent naturellement  une différence de position. Elles ont chacune leurs spécificités et des domaines d'utilisations sans comparaison possible. On ne fait pas du CSO avec une selle western et on ne fait pas 10 jours de rando avec une selle classique. Le bon sens, messieurs-dames, le bon sens ! Et de la même manière: ne comparez pas une selle de ranch (Wade) avec les "autres" selles western : elles ont chacune leurs spécificités techniques adaptées à l'utilisation prévue.

En une phrase : il faut comparer ce qui est comparable. C'est ce qu'il faut faire comprendre aux cavaliers.

1.       La selle des nouveaux maîtres américains.

Il en va d’une selle comme d’un vêtement. Ce n’est pas parce qu’une selle va bien à quelqu’un qu’elle ira à son voisin. En fonction des spécificités morphologiques de chacun (largeur de bassin, longueur de fémur, cambrure du dos), et aussi de l’équitation que l’on pratique (de la discipline évidemment ; et même au sein d’une seule discipline, il y a plusieurs façons de monter et de fonctionner), une même selle ne positionnera et n’accommodera pas deux cavaliers de la même façon. Que ce soit Pierre, Paul ou Jacques qui l’utilisent, ils n’auront pas forcément les mêmes attentes, les mêmes ressentis… et n’auront donc pas forcément besoin de la même selle.
Il n’y a donc pas de « c’est la meilleure selle existante » qui tienne – ce sera vrai pour certains et faux pour d’autres. Quant au catalogue de Nouveaux Maîtres cités en référence, dans mon monde c'est de l'argument pseudo-d'autorité et surtout très foireux - c'est pas parce qu'un cavalier qu'on admire monte avec telle ou telle selle que ça nous rendra son égal, ou alors ça se saurait!

2.       Elle apporte un grand confort au cheval.

Les selles anglaises ne sont pas trop en avant, les selles western ne sont pas trop en arrière – c’est complètement faux.

Les selles anglaises sont souvent positionnées trop en avant, parce que les gens ne savent pas seller, c’est tout. On apprend dans nos clubs à positionner la selle sur le garrot, ce qui est une ineptie. L’arcade avant de l’arçon (quelle que soit la selle) doit être placée à 3 doigts en arrière du haut de l’omoplate du cheval, pour laisser à l’épaule la possibilité de reculer lors du mouvement des antérieurs ET C’EST TOUT. C’est le seul point de repère qui vaille.

Quant aux selles western, elles sont souvent trop longues parce que mal choisies pour le cheval qu’elles équipent. Mais là encore c’est un argument qui vaudra pour tous les types de selles : la longueur de l’arçon et de ce qui l’habille (les panneaux d’une selle anglaise, les skirts d’une selle western) doit être déterminée en fonction de la longueur du dos du cheval jusqu’à sa dernière vertèbre thoracique, c’est aussi simple que cela.
Enfin, la taille de la surface portante doit être calculée en fonction de la place sur le dos du cheval. Elle sera plus grande pour un cheval long et large que pour un cheval court et étroit.

3.       Elle permet des mouvements plus rapides et plus discrets.

Sur une selle classique correctement adaptée et positionnée, sur une selle western correctement adaptée et positionnée, sur une selle Wade correctement adaptée et positionnée : le cavalier sera bien positionné sur son cheval, grosso modo au même endroit , au-dessus de la vertèbre T13, qui est la vertèbre « clé de voûte » du dos du cheval parce qu’elle est la seule à ne pas avoir l’apophyse inclinée (c’est donc la vertèbre anticlinale, puisque jusqu’à T12 les vertèbres sont inclinées vers l’avant, et à partie de T14, les vertèbres sont inclinées vers l’arrière), et donc aligné sur le centre de gravité du cheval qui se trouve au tiers inférieur de sa cage thoracique, environ 10 à 15cm derrière l’épaule.

Et plus que la place des épaules, c’est le positionnement et l’orientation du bassin, siège de l’assiette du cavalier qui déterminera l’influence du cavalier sur l’équilibre du cheval. Un bassin bien placé sur une selle adaptée au cheval comme au cavalier, un cavalier avec une bonne assiette : c’est le fondement de l’équitation. Tout le reste, c’est du détail. S’il y a tout le reste mais pas ça, rien ne sera possible.

4.       Les épaules du cheval sont plus libres (plus de détails dans les explications d’Aurélie ci-dessous)

Franc éclat de rire (jaune) au vu de la photo qui illustre ces propos. La selle est beaucoup trop sur les épaules du pauvre petit paint, vraisemblablement beaucoup trop large vu sa bascule (on voit l’arrière se soulever), et on pourrait lui faire la même critique qu’à une selle western mal choisie : elle est trop longue.

Avec un cavalier sur cette selle et ce cheval, les épaules seront tout sauf plus libres.

5.       Le cavalier est plus proche de son cheval (plus de détails dans les explications d’Aurélie ci-dessous)

Un arçon trop ouvert n’est pas forcément gage de proximité du cheval puisque la selle va basculer vers l’avant, le cavalier également, et ses jambes vont reculer exagérément – donc il sera déséquilibré. Par contre un arçon trop ouvert viendra s’écraser sur le garrot, mettre le cheval complètement sur les épaules, être contre-productif en terme de soutien de la ligne du dessus, et à terme, blessera le cheval sur le haut du garrot.

6.       Le cavalier est moins secoué au galop

Encore une fois, avec une selle bien adaptée et positionnée, quelle qu’elle soit, le cavalier aura une position qui lui permettra de suivre correctement le mouvement. Après, pas de secret : la selle ne fait pas tout, l’assiette du cavalier, ça se travaille !!!*
Je rappelle que d’un point de vue biomécanique, le cheval effectue une bascule d’arrière en avant diagonalisée lors du galop, et qu’en fonction de sa locomotion naturelle, de son niveau de dressage et de travail, de sa musculation et de la vitesse à laquelle il va, cette bascule sera plus ou moins marquée, plus ou moins agréable et facile à suivre.

* Effectivement, le niveau du cavalier et sa condition physique ont un impact sur le cheval. Voici une série d’images thermiques pour illustrer le propos. Celles-ci montrent les différences entre selle anglaise et selle western et avec 2 cavaliers de poids et  niveau équestre différents.

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Courtesy of Kris Garrett et Jane Savoie

7.      Cette selle s’adapte à tous les chevaux

Purement et simplement IMPOSSIBLE.

L’arçon est une structure rigide qui ne se déforme pas, et donc, ne s’adapte pas. On déterminera les caractéristiques de l’arçon lors de sa fabrication en fonction du dos du cheval (forme et ouverture de l’arcade de garrot, longueur et orientation des barres latérales). Donc c’est tout bonnement impossible qu’une même selle habille « un petit pur-sang arabe de 2 ans au dos étroit » et « un Shire », pour reprendre les termes de l’article.

C’est aussi inepte que de dire qu’une même paire de bottes ira à tout le monde. Non, ça dépendra de la longueur et de la largeur du pied, de la hauteur de la tige, et de la circonférence du mollet. Voilà.

En outre, je tiens à ajouter que j’espère que le type qui met une selle Wade à un « petit pur-sang arabe de 2 ans au dos étroit » ne monte pas cette pauvre bête avec cette selle et à ce si jeune âge. Un cheval, du point de vue de la croissance osseuse, ne devrait pas être monté régulièrement avant ses 4 ans, sous peine d’infliger de graves traumatismes à son squelette et à son organisme.

8.       Elle est très polyvalente

Comme la plupart des selles, en fait.

Une selle de ranch est certes "polyvalente" mais a aussi ses limites! Vous n'irez pas faire du Barrel Race avec, ni du CSO.

9.       Elle permet une excellente descente de jambe

La position que donnent les selles western ne sont pas les mêmes en fonction des différents modèles de selle. Rien à voir entre une selle de barrel et une selle de reining. La descente de jambe sera tout bonnement conférée par le rapport de proportion entre la morphologie du cavalier et les caractéristiques de la selle d’une part, et le placement du fender (le haut de l’étrivière) en fonction du creux du siège d’autre part.

Ainsi sur des selles de Barrel ou de Cutting, les fenders sont placés plus en avant que sur les autres selles western parce que ce sont des activités où le cavalier a besoin d’avoir une jambe plus en avant que dans d’autres disciplines, pour des raisons d’équilibre.

S'il y a une chose à comprendre et retenir, c’est bien que l’on n'aura JAMAIS la même position sur une selle western et une selle anglaise, pour la bonne et simple raison qu'elles sont structurellement différentes, POINT BARRE.

10.   L’étrivière est reculée et positionnée sous la cuisse

Ben oui… c'est la position "standard" pour une étrivière sur une selle western... Rien de nouveau sous le soleil !

11.   Vous pouvez monter sans mini-chaps

Les étrivières western s’appellent des fenders. Ils ne sont ni l’apanage exclusif de la Wade vu qu’on les trouve sur toutes les selles western – ni même l’apanage exclusif des selles western, étant donné qu’ils sont aujourd’hui disponibles en modèles adaptables aux selles anglaises. (voir sellerie Gaston Mercier par exemple)

12.   Les gros étriers apportent stabilité et sécurité

Il existe des dizaines de modèles d’étriers qui sont très bien étudiés pour la stabilité et la sécurité, ce n’est pas l’apanage de la Wade.

13.   Vous vous fatiguez moins au trot en suspension

Sur la photo qui illustre l’article, le cavalier est beaucoup trop en avant et vient complètement surcharger l’avant-main de son cheval, qui est donc sur les épaules.

Au  sujet de l’emplacement des couteaux d’étrivières, c’est vrai qu’un emplacement plus reculé permet de placer le cavalier au-dessus de ses pieds tout en restant au-dessus du siège, ce qui n’est pas possible avec une selle de jumping par exemple. Mais ce critère est pris en compte dans la fabrication de selles « longue distance » comme les selles d’endurance, par exemple.

Et les "bucking rolls" ne servent ABSOLUMENT PAS à venir se caler dessus au trot!

14.   Elle a une résistance à toute épreuve

Je ne recommanderai JAMAIS à quiconque de laisser son cheval se coucher avec sa selle sur son dos – car même les objets incassables peuvent casser. Il faut apprendre au cheval qu’on ne se roule pas avec sa selle, point barre. Si on craint pour sa selle lors du débourrage, on récupère une vieille selle synthétique qui permettra d’apprendre au cheval ce que c’est que la selle, et on garde sa belle selle pour quand il sera sage (et fini physiquement).

Quant au reste de ses qualités, ce sont les mêmes que pour toute bonne selle de qualité : l’arçon, les matériaux, le travail du cuir, les coutures d’une selle de bonne facture sont increvables.

Commentaire sur le nœud de cravate : il se fait toujours, et marche toujours aussi bien.

15.   Elle offre une grande adhérence

A propos du "rough-out" (ou cuir retourné) : historiquement, on le trouve sur les selles de cutting pour donner plus de "grip" et aider le cavalier sur des manoeuvres rapides et brusques. Le cuir s'use à la longue et devient lisse et trop "glissant" pour le but recherché. Cela se change.

De nos jours, on le trouve de plus en plus souvent (et pas que sur des selles de ranch ou de cutting). Non pas pour l'aspect technique de la chose mais pour son aspect esthétique. On le trouve maintenant sur toutes ou parties de la selle (qui ne nécessitent pas forcément de "grip").

16.   Elle demande très peu d’entretien

La brosse à BBQ sur le cuir du siège pour faire ressortir le "rough-out" : Aurélie en a les bras qui tombent. A part fragiliser le cuir… ça ne sert à rien !

Pour le reste des inepties à propos de l'entretien (ou devrais-je "défaut d'entretien"), se reporter aux explications ci-dessous.

17.   La sangle arrière permet de répartir les pressions

Le cauchemar continue... même commentaire que pour le 16.

18.   Ses attaches sont très résistantes

Comme sur toutes les vraies selles d’extérieur DE QUALITÉ , les anneaux et pontets de sacoches, les conchos et les latigos sont TOUJOURS vissés dans l’arçon.

19.   Sa corne est grosse et basse

Là je sais pas quoi dire, si ce n’est que la formulation me fait envie de balancer deux trois blagues grasses sur la libido des cavalières et la forme phallique de ce truc.


Voilà. Maintenant que le point par point est reprécisé, Aurélie va pouvoir vous expliquer COMMENT ça marche vraiment une selle western, avec un petit rappel image pour commencer.

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Crédits : The Western saddle guide

A/ L'adaptation au cheval

Trois choses incontournables :

1/ Un arçon adapté

L'arçon est le squelette de la selle. Si celui-ci n'est pas adapté à la morphologie du cheval , la selle ne le sera pas. Le "ONE SIZE FIT ALL", c'est au mieux, une utopie, au pire, un mensonge!

3 critères à vérifier :
- ouverture de gullet (arcade de garrot)
- angle de barres
- longueurs de barres.
Si un ou plusieurs de ces éléments ne conviennent pas, la selle n'est PAS adaptée et votre cheval risque des blessures.

Pour plus de détails, voir l'article dédié ici.

2/ Le placement de l'anneau de sanglage

Voir l'article dédié ici.

3/ L'âge et l'état du cheval

Il faut respecter la croissance du poulain. Tant que celui-ci n'a pas terminé sa croissance, il n'est pas judicieux de vouloir l'équiper d'une selle sur-mesure car entre 3 et 6 ans (pour une majorité de races), sa morphologie et sa musculature vont évoluer énormément.

Si on envisage de faire faire une selle sur-mesure et que le cheval a terminé sa croissance, soyez sûrs qu'il soit en bonne santé et que sa condition physique (entraînement) soient optimum. On ne prend pas les mesures pour l'arçon lorsque le cheval est en période de repos prolongé ou convalescence car cela "faussera" les mesures et l'adaptation de la selle.

B/ L'adaptation de la selle au type d'activité envisagée

Chaque type d'activité nécessite certaines particularités techniques, qui peuvent être dictées par la forme de l'arçon.

Des formes d'arçon, il en existe un nombre impressionnant et parfois, il existe plusieurs noms pour une même forme d'arçon .

"Wade" = ce n'est pas une marque, c'est une forme d'arçon parmi d'autres. Des "wade", il en existe des dizaines de variations. Chaque fabricant a sa recette. C'est une FORME d'arçon, qui que ce soit qui ait eu l'idée de l'inventer à la base! C'est un peu comme les "post-it" et autres "frigidaires", c'est un nom propre passé dans le langage courant, mais même si ça a pu désigner une "marque" à la base, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Et l'arçon "Wade " n'a rien de bien particulier par rapport à d'autres formes d'arçonq, contrairement à ce qui est dit dans les paragraphes #3 et 4.

Certaines formes d'arçons conviennent, certes, mieux à certains chevaux au regard de leur morphologie, mais concernant la liberté des épaules, c'est le boulot du sellier et de la façon dont il structure ses selles qui fera la différence.

Techniquement parlant, il y a 3 types de selles western:

Les selles montées en "In-skirt"

ces selles représentent  la majorité des selles western (reinning, cutting, pleasure, etc). L'anneau de sanglage est monté dans la skirt (d'où son nom).

Aurélie les appelle selles "polyvalentes" car elles permettent le travail de plat, les randonnées mais NI le Barrel racing, NI le Roping .

Le poids moyen d'une selle western en In-skirt est de 15Kg.

Les selles montées en "Flat Plate"

Communément appelées selles de ranch, elles sont utilisées sur les ranchs pour le travail "polyvalent " allant du "roping", au tri de vaches, en passant par le convoyage.

Selles adaptées pour TOUT, sauf au Barrel racing.

L'avantage technique du montage en Flate plates (quelle que soit la forme de l'arçon) est de rabaisser le centre de gravité de la selle (et du cavalier) et de plaquer la selle au cheval, ce qui va être particulièrement recherché en roping (couplé avec la sangle arrière) car cela limite le basculement de la selle vers l'avant.

Ce que l'article appelle "Wade" est une selle de ranch (parmi d'autres formes - "flate creek pakere par exemple) montée en Flate Plate et non pas en in-skirt, comme c'est dit dans l'encart de la dernière page. Contrairement à ce que laisse croire l'encart "mettre sa selle" (qui est complètement inadapté  et imprécis - au passage) : elle n'est PAS  légère! Une selle en Flate plates pèse facilement 18 à 20 Kg - rien de gênant pour le cheval mais beaucoup plus pour celui ou celle qui doit seller le cheval .

Au passage, on n'accroche pas l'étrier droit au latigo mais on le coince sur le pommeau le temps de seller... Enfin, chacun fait bien comme il veut.

Aurélie : ce qui me dérange c'est que c'est le message de l'article reflète une façon de faire marginale et non pas LA façon "standard" western, alors qu'on veut nous le faire croire comme tel.

Le pommeau large et plat se retrouve aussi sur d'autres formes de selles de ranch. Ce n'est pas pour faire "beau" ou "travailler les poulains à 2 mains" comme énoncé au point #19. Le but est précis : être résistant et dimensionné pour pouvoir résister au roping des veaux, vaches etc... Sa hauteur, sa forme, son épaisseur : tout ça est d'abord en rapport avec l'utilité de la selle. Les selles de cutting ou de barrel ont un haut et fin pommeau car les cavaliers ont besoin de s'y agripper pour des raisons évidentes. Les selles de ranch ont un pommeau + large, pour pouvoir avoir + de marge de manoeuvre pendant les manoeuvres de roping. Que le pommeau soit en métal, en bois, haut large, fin.....si on doit  manger la poussière et se faire mal.....le résultat sera sensiblement le même!

Le Horn wrap est en cuir de vache ("mule hide"- ce qui est appelé "peau de mule" dans le #19 est un nom pour un cuir de vache plus épais aussi utilisé pour faire un tablier de maréchal, rien à voir avec une mule donc). Le but du Horn wrap est de protéger le cuir du pommeau de la friction avec le lasso. Tout simplement parce qu'il est + facile et moins cher de changer une lanière de cuir que de refaire tout le pommeau

Les selles de Barrel Racing

Elles sont bien différentes techniquement parlant que les autres selles : l'arçon a une forme spécifique, un pommeau et un troussequin très hauts pour une selle très "calante".

Les fenders/étrivières sont beaucoup + en avant que sur les autres selles western, puisque l'activité suggère un équilibre très changeant - c'est comme les selles d'obstacle qui ont des couteaux d'étrivières plus avancés que les selles de dressage, puisque l'équilibre sur les étriers change bien + en obstacle qu'en dress!

Un cuir beaucoup plus fin est utilisé, certaines parties de la selle sont supprimées (Back Jockeys).

Ce sont des selles taillées pour la vitesse, d'où leur poids bien ° léger.

Par contre elles sont TOTALEMENT INADAPTÉES à toute autre activité (pas de support à l'arrière, position du cavalier trop particulière).

C/ Les facteurs extérieurs :

On aborde le fitting dans cet ordre (si l'on veut être efficace)

1/ la selle adaptée à la morphologie du cheval

2/ le tapis, spécifiquement western s'il vous plaît. Ni trop épais (pour ne pas altérer l'adaptation de la selle), ni trop fin (pour le confort du cheval). Ok pour les tapis avec une ouverture du garrot MAIS le plus important est quand même d'avoir une découpe de tapis anatomique, conforme à la forme du dos du cheval (pour éviter frottements, gonfles, plis...)
Quant à la matière :
- le feutre, c'est bien mais certains sont TROP RIGIDES et causent des problèmes de fitting contrairement à ce que dit l'article
- le néoprene n'est pas très respirant et risque de fausser la "lecture" en cas de mauvaise adaptation de la selle
- les tapis laine / faux ou vrai mouton sont souvent bien

3/ la sangle : se reporter à l'article dédié ici.

Pour résumer, quand on a des problèmes avec sa selle :

1/ on règle le problème de la selle

2/ on règle le problème du tapis

3/ ensuite on gère la sangle....

C'est dans cet ordre qu'il faut se poser des questions, ainsi les erreurs grossières et problèmes majeurs seront évités.

D/ Des accessoires

En correction de ce qui est écrit au point #17, collier de chasse et sangle arrière ne sont pas là pour répartir de quelconques pressions mais pour apporter un maintien supplémentaire nécéssaire dans certaines configurations bien précises.

Les 2 s'utilisent en même temps dans 2 cas de figure :
- en working cow (cutting, roping etc...) pour maintenir la selle en place et éviter qu'elle ne bascule à l'avant lors de manoeuvres brusques. La sangle arrière est peu serrée (on y passe facilement une main à plat entre la sangle et le ventre) et doit être connectée à la sangle avant avec un "back cinch connecting strap".
- en randonnée en terrain accidenté (montées, descentes, collines, montagne). La sangle arrière doit être positionnée "au contact" du cheval, moins lâche qu'en working cow, pour éviter que des branchages ne viennent se coincer entre les flancs et la sangle, ce qui serait catastrophique!

Cette combinaison ne présente aucun intérêt en travail de plat ou randonnée cool. Elle ne doit pas être utilisée pour maintenir la selle en place et éviter qu'elle ne recule trop! S'il y a des problèmes de comportement de la selle, on en revient à des questions de fitting pur.

Le collier de chasse en U évoqué dans l'article est exactement la même chose que ce qu'ils vantent comme un collier en Y en fait... il s'agit de 2 branches en "U" avec une lanière qui passe entre les antérieurs et qui s'accroche à la sangle. C'est la meilleure configuration en terme d'efficacité et de confort du cheval, contrairement à ce que les auteurs appellent "bricole" qui doit se référer au collier de chasse "vintage" (une lanière horizontale devant le poitrail + une qui passe par dessus le garrot et qui relie les 2 extrémités de la lanière horizontale). Ce type de collier de chasse est complètement obsolète et inadapté.

Les buckings rolls sont présents UNIQUEMENT sur les selles de forme "Wade" parce que le fork est très bas sur ce type d'arçon donc n'offrent aucun englobement comme les fork larges. Ils n'apportent pas + que le fork d'une autre selle western.

Le night latch n'est pas installé d'office sur les selles western, Wade ou autre. C'est une lanière que les Buckaroos installent sur leur selle lorsque qu'ils débourrent des chevaux un peu chauds pour pouvoir s'agripper lorsque les chevaux ruent... ou plus communément lors des rodéos... Nous avons comme un doute que les cavaliers français en aient réellement besoin! Il s'agit ici plus de folklore que d'autre chose. En outre, le  "rope strap" est communément installé sur les selles de ranch, comme son nom l'indique : il sert à accrocher le lasso sur la selle .

RIEN sur une selle western n'est là pour le fun. TOUT a une utilité pour l'activité envisagée.

Aurélie a écrit une partie sur l'entretien de la selle western. On a décidé de l'ôter de cet article et d'y consacrer un article entier, parce que c'est un sujet trop important, que je n'ai pas encore abordé et qui pourtant mérite franchement de l'être. On y reviendra donc.

Voilà, les "basiques" à propos d'une selle western sont couverts, et les inepties de l'article corrigées.

Note aux journalistes et responsables de rédaction de ce que par compassion chrétienne je n'appellerais pas "torchon". Par pitié, si vous n'êtes pas capables d'aller chercher les bonnes informations par vous-même, faites appel à des professionnels dans le domaine pour soit corriger vos articles, soit les écrire. Mais méfiez-vous de ceux qui disent savoir, et ne publiez pas des articles pareils, c'est  une question de déontologie d'une part, de responsabilité vis-à-vis de vos lecteurs d'autre part.