Alors en ce moment j'ai un peu la flemme d'écrire. Même si hier j'ai passé une journée extra en compagnie d'Aurélie Jouan (AAJ Saddlery - sellerie western) et de Tasmin Roberts (ostéopathe et comportementaliste des poneys), on s'est rencontré autour d'Alix, propriétaire de deux trotteurs trop sympa et lectrice assidue du Blog. Et c'était vraiment bien. Mais voilà, il s'est dit tant et plus de choses que j'ai pas la foi de faire un compte-rendu détaillé, oui c'est la vie c'est comme ça.
Par contre, j'ai un autre tour dans mon chapeau!
Ou plus exactement une invitée qui a bien voulu jouer à l'interview. Il s'agit de Marie Lamore. Marie, c'est probablement la première saddle fitter que j'ai rencontrée en chair et en os, au tout début de l'époque où je commençais à m'intéresser au phénomène, et c'était je crois à EquitaLyon 2010, à l'époque où elle travaillait pour la sellerie Allures, aujourd'hui fermée mais qui a été pionnière dans le phénomène du fitting à l'anglaise en France. Et j'avais tout de suite adoré sa bouille souriante et ses explications claires et passionnées. Alors, nous sommes restées en contact, et aujourd'hui, elle vous raconte un peu son métier et sa vision des choses.
Salut Marie, présente-toi un peu pour les lecteurs du blog, raconte un peu ton parcours qui t'a menée à la création d'Amplitude?
Bonjour Eugénie, bonjour les lecteurs !!
Je suis une jeune femme passionnée d’équitation, qui a dévié sur un autre chemin : la passion du cheval... (NDR : j'aime bien cette distinction!) Je travaillais pour Marietta Almasy (grande cavalière et juge de dressage française) quand j’ai découvert que les chevaux avaient un dos qu’il est nécessaire de respecter et d’écouter pour évoluer dans son équitation. C’est peu de temps après cette prise de conscience, que j’ai rencontré Marie Thomsen, de la sellerie ALLURES. Le contact est bien passé et celle-ci m’a proposée de travailler avec elle. Du conseil en sellerie, pur et dur, à plein temps, c’était passionnant…
Malheureusement, nos chemins se sont séparés quand , et voici que naît Amplitude Sellerie en septembre 2011
Quel est le constat de base qui t'a amenée au saddle fitting?
Je ne savais pas que ça existait, je ne me posais même pas la question. J’ai toujours étécavalière (à mon niveau !) et j’avais confiance en mon équipement qui me semblait de toutes les façons très bien. Jusqu’à ce fameux jour où mes yeux se sont ouverts ! C’est devenu évident, je montais non plus à cheval mais sur le dos de mon cheval.
La connaissance de mon matériel est devenue indispensable. Les connaissances qu’ont partagées avec moi Marie Thomsen et les saddle fitters anglais chez qui je me suis formée m’ont fait devenir ambitieuse et surtout aboutir à ce constat : LA FRANCE A BESOIN DE SADDLE FITTERS ! Des personnes qui n'ont pas pour seul but de gagner de l’argent, mais passionnées par un domaine particulier : le bien-être du cheval au travail, via son matériel. C’est devenu pour moi une logique indiscutable : si les cavaliers prennent conscience de l’impact d’une mauvaise selle sur le dos de leurs monture = ils vont avoir de nouvelles sensations = évoluer de façon positive = garder leurs chevaux plus longtemps en meilleur état = faire des économies et avoir du résultat… (je sais pas si je suis claire là !) (NDR : oui oui c'est clair. Comme je dis, vaut mieux investir dans une selle que dans le véto!)
Qu'est-ce que tu constates sur le terrain, aujourd'hui? quels chevaux, quels cavaliers, quels problèmes?
Je constate que peu de cavaliers considèrent leurs montures comme des alliés. Un cheval qui boite, qui refuse de sauter, qui tape quand on lui met la selle est une "carne". On se remet trop rarement en question en tant que cavalier. Et bien souvent, j’ai constaté, autant avec Allures que maintenant avec Amplitude, que les chevaux expriment clairement leurs inconfort ou leur mal-être, par des gestes et des réactions étranges (ils sont comme des enfants qui ne parleraient pas encore.) A nous d’être attentifs et à l’écoute avant de juger notre monture, de l'appeler "carne"!
En tant que consultante en sellerie ou saddle fittter, le problème le plus fréquent dû à l'ignorance des gens, voire à leur désinformation, c'est l'inadaptation de la selle, souvent trop petite pour le cheval, et qui résulte dans des dos creux, des chevaux en 2 morceaux sans rien pour faire le lien entre l'avant et l'arrière-main, etc.
Quelle réception te font tes clients, ils sont contents? Quels retours tu reçois?
Les cavaliers sont toujours surpris d’apprendre autant de choses sur le dos de leurs chevaux et leurs équipements. Certains sont même très vexés d’apprendre que leur morphologie est difficilement compatible avec celles de leurs chevaux! (NDR : je re-cite Glenn : "the joint has to fit the plate", "le rôti doit tenir dans l'assiette"!). D’un point de vue général cela dit, je n’ai jamais eu de retour négatif (ou on ne m’en a pas fait encore part dans ce cas !), souvent ça arrange les choses.
Raconte-nous un peu ton métier au quotidien... comment se passe la prise de RDV, sur quels critères tu te bases, quel suivi tu assures?
Beaucoup de mes nouveaux contacts sont issus du bouche-à-oreille, puisque je ne fais pas de pub. Je propose des visites saddle fitting, durant lesquelles je conseille les cavaliers sur l’équipement qu’ils utilisent avec leurs montures.
Je propose des selles d’occasion lorsque les mesures le permettent, ou des selles sur mesures, lorsque le portefeuille le permet ! Le suivi est en fonction des besoins de chacun, je reste concentrée sur les selles à panneaux en laine que je peux entretenir, et adapter en fonction de la morphologie et de l’évolution du cheval (NDR : pas de selles françaises à panneaux mousse, donc, puisque les deux types de selles sont quand même relativement différents et ne se retouchent pas pareil).
Et donc tu fais fabriquer des selles sur mesure, chez qui? à quels prix?
Mes selles sont fabriquées en Angleterre, par des artisans de ma connaissance, qui se basent sur les mesures que je transmets. Il est important de noter que les différentes arçonneries anglaises proposent une gamme beaucoup plus étendue d'arçons que l'Arçonnerie Française, ce qui permet d’avoir des selles réellement sur mesure mais forcement plus chères ! Le prix se gonfle malheureusement en France, et une selle sur mesure varie entre 2300€ et 2800€... (NDR : ce qui reste toujours pratiquement de 1000€ inférieur aux prix pratiqués par les grands selliers français).
Voilà, merci à Marie pour son éclairage intéressant sur son métier au quotidien. Je vous invite à parcourir son site, et notamment la page où elle décrit ce qu'elle a ressenti la première fois qu'elle a utilisé une selle adaptée sur sa jument, ses mots sont d'une justesse folle. Et honnêtement, si vous êtes en région parisienne ou pas trop loin, n'hésitez pas à faire appel à elle, elle est vraiment vraiment adorable, et hyper compétente. Des gens comme faudrait qu'il y en ait bien plus!
