En soi, la selle devrait pouvoir s'utiliser avec une simple sangle, un tapis (et encore), et bast'. Ca suffit.
Mais de plus en plus, on voit des cavaliers qui s'amusent à déguiser leurs chevaux en vrais sapins de Noël, à grands renforts de tapis, amortisseurs, et lanières en tous genres. Bon, hé, je parle pas d'enrênements, je veux pas que mon blog se transforme en bain de sang, et puis les enrênements, c'est un autre sujet (même si en termes de sapins de Noël, souvent, c'est pas mal non plus). Mais parfois, sur les topics "quelle couleur pour mon cheval" sur les forums, y a moyen de se taper des bons fous rires, ou de s'arracher les cheveux.
On t'avait dit de pas découper les franges des fauteuils de mémé!!!
-et sans commentaire sur la selle-
Et puis un autre, parce qu'il est vraiment ultime, même si je m'éloigne un peu du sujet
BREF.
Bien souvent, les colliers de chasse, bricoles et autres croupières sont utilisées à des fins purement décoratives. Parce que c'est trop classe d'avoir un collier de chasse (ça, c'est un slogan du même niveau que la com' de la FFE). Tant que ceux-ci sont ajustés de sorte à ne pas gêner les mouvements du cheval, bien, soit. Comment bien les ajuster? Et d'ailleurs, quelles sont leurs réelles utilités? Quels sont les problèmes qu'ils peuvent créer?
A mon sens, y a 2 cas de figures où de tels artifices sont nécessaires.
Le premier, c'est lorsqu'on pratique une équitation "extrême", genre de l'équitation de travail sur le bétail où le cheval peut être amené à faire des mouvements latéraux très brusques. C'est pour ça que les cow-boys utilisent systématiquement un collier de chasse, et que les Camargues et les Portugais vont même jusqu'à rajouter une croupière en plus du collier de chasse. Lorsqu'on pratique de la randonnée en terrain très accidenté, c'est utile aussi. La croupière empêche la selle de glisser vers l'avant, le collier qu'elle glisse vers l'arrière. La troisième discipline où l'utilisation du collier est justifiée, c'est le cross (et dans une moindre mesure le CSO), vais pas vous faire un dessin de pourquoi ça vaut mieux? On se rappellera de l'incident qui était arrivé il y a quelques années à la cavalière de complet Gwendolene Fer sur le complet 4* de Pau, où le montant inférieur de son collier avait lâché, et sa selle avait bien reculé. Elle avait fini son cross le couteau entre les dents et dans un équilibre précaire, pour s'emparer de la 6e place au final. Ces gens sont fous.
Regardez où est la sangle!
Le deuxième cas de figure où un tel attirail est nécessaire, c'est quand la morphologie du cheval ne laisse pas le choix malgré un matériel adapté. Un poney shetland sur les épaules et rond comme une balle pourra être équipé d'une croupière pour éviter de benner son pauvre petit cavalier à chaque touffe d'herbe appétissante (que celui qui ne s'est jamais vautré de cette façon lève la main). Et je pensais surtout au cas d'Emeline et de son frison Tattoo, qu'on avait vus avec Glenn. Tout le matériel était parfaitement adapté, pas de souci ; mais la sangle n'avait aucun point de butée comme sur la plupart des chevaux, qui ont un passage de sangle marqué. Tattoo, lui, a une cage thoracique parfaitement ronde et lisse, un peu levretté, donc la sangle glisse en arrière, entraînant la selle. Le spray "colle à bottes" n'ayant eu aucun effet sur le grip du cuir de la sangle, Emeline n'a pas d'autre choix que de lui mettre un collier de chasse, parce que dès qu'elle saute, fait un peu de dénivelé (même minime) ou demande un cabrer en selle, elle se retrouve sur les reins du cheval.
On voit bien le ventre super slim qui remonte fort derrière - d'ailleurs, sangle de selle ou sangle de surfaix,
le problème est le même.
Enfin, que ces artifices aient une utilité réelle ou ne soient là que pour la déco, il faut les utiliser correctement réglés. Trop lâches, ils ne serviront à rien sauf à gonfler le cheval à faire "bump bump bump" au rythme de ses foulées. Trop serrés, ils altèreront l'adaptation de la selle, gêneront le cheval et causeront des problèmes.
Une croupière trop tendue viendra exercer une pression désagréable à la base de la queue et causera des tensions musculaires qui pourront aboutir à un blocage ostéo au niveau de l'arrière main. Elle risquera également de faire reculer la selle, et de venir appuyer douloureusement sur les lombaires.
Une bricole ou un collier de chasse trop serrés appuiront vilainement à la base de l'encolure, entraveront le geste des épaules (surtout dans le cas du collier) et feront avancer la selle jusqu'à venir coincer la tête des scapula, qui ne pourront pas reculer correctement lors du déplacement du cheval - ses foulées s'étriqueront, et la selle lui coincera douloureusement le garrot. On verra donc des chevaux relever brusquement l'encolure et écraser le garrot entre les omoplates, avec des petites foulées, au lieu d'avoir des chevaux qui étirent leur ligne du dessus, montent le garrot et font de belles foulées amples et confortables.
Avant-hier, j'ai accompagné Aurélien, mon nouveau patron sur le terrain. On a vu un monsieur qui avait une grande et belle jument noire, avec qui il faisait de longues journées en extérieurs bien sportives, et qui présentait de sacrées plaques blanches au niveau des têtes des scapula (juste dans le creux derrière). La selle n'allait pas si mal, c'était le collier de chasse trop petit qui tirait la selle en avant, et du coup ça frottait douloureusement jusqu'à faire tomber tous les poils, arracher la couche superficielle de la peau et franchement blesser la bête. On ne l'a pas vue se déplacer, mais c'est certain que sa locomotion a été altérée par cette blessure. Tout ça à cause d'un collier de chasse trop petit...
Donc, si vous devez utiliser ce genre d'artifices, d'une, achetez la bonne taille ;-) et de deux, vérifiez que vous avez au moins 3 doigts de jeu entre la lanière et le cheval : 3 doigts pour l'attache de croupière, 3 doigts pour les montants latéraux du collier ou de la bricole, et 3 doigts, dans le cas du collier, entre le montant inférieur et le poitrail du cheval. Les articulations doivent pouvoir jouer librement, et c'est seulement lors de l'extension maximale que le cheval viendra au contact du bidule.
En aucun cas, on ne doit utiliser ces artifices pour pallier les déficiences d'une selle mal adaptée. A 99%, on empirera les choses.
Attention si vous utilisez une martingale à régler correctement le collier qui va avec.
Attention, si le collier a un pont, à bien le placer en avant du garrot, et donc à avoir des attaches suffisamment longues pour l'attacher à la selle (astuce à 2 balles : si vous manquez un peu de longueur de cuir, vous rajoutez des mousquetons. D'une ça rajoute 4 5 cm, de deux c'est carrément plus pratique à utiliser).
Ca pas top du tout, collier trop serrée, selle trop étroite et trop avancée
Dans le cas d'un collier de chasse 5 points comme on en voit souvent en cross, les précautions d'usage sont les mêmes. Souvent, c'est la lanière supérieure qui est trop tendue, alors qu'elle devrait être la plus lâche pour pouvoir accompagner l'arrondissement de la ligne supérieure du cheval (garrot qui monte donc qui prend plus d'espace).
Ca c'est mieux réglé déjà.
Après, l'insertion d'un élastique peut permettre d'ajuster un peu plus tout en donnant plus de confort aux mouvements - mais attention que ça se détende pas trop. C'est pas obligatoire, cela dit.
Quant à l'avantage de la bricole sur le collier de chasse, euh... j'en vois pas trop, à vrai dire. Le collier de chasse offre clairement un meilleur maintien (on dirait que je parle d'un soutien-gorge!), cf encore Gwendolen Fer dont le collier s'est transformé en bricole et qui n'a plus servi à rien.
Voilà! je crois que j'ai à peu près fait le tour du sujet. Donc encore une fois, tout est une question de justesse d'adaptation. Encore une fois, ça fait juste appel au bon sens. Et encore une fois, la mauvaise adaptation peut engendrer des problèmes de santé et de sécurité, donc ouvrez les yeux, réfléchissez, et soyez prudents!
La ponette a modifié complètement le déplacement de toute son arrière-main, et fait avec....Imaginez ce qu'elle a dû endurer jusqu'au changement de moniteur, le suivant ayant enfin porté un autre regard sur elle.