Allez, c'est parti pour le dernier morceau de bravoure.
Changer parfois, c'est bien aussi.
Autrefois, la sagesse commune voulait qu'une fois qu'on avait trouvé LE mors, on y reste fidèle. Mais aujourd'hui, on se rend compte qu'alterner de temps à autre les différentes embouchures permettaient d'avoir un effet positif sur le boulot du cheval. Garder toujours le même mors, à la longue, ça blase le cheval. Changer de mors de temps à autres permet de varier les effets et donc de garder un cheval réactif. Heather souligne qu'il n'existe pas de solution permanente, en revanche quand on en trouve une qui marche, on a une certaine "marge de manoeuvre" avec celle-ci. Quand on sent qu'on commence à avoir certaines résistances avec un mors, il vaut mieux en changer avant que le cheval commence vraiment à s'énerver. C'est souvent le meilleur moyen de couper court à l'agacement.
Avec un jeune cheval, il faut trouver LE mors qui apporte calme et stabilité sur la main, et toujours l'employer quand on aborde un nouvel exercice. En effet, les chevaux ont tendance à être inquiets face à la nouveauté. Ils aiment le confort de la routine. L'abord d'un nouvel exercice peut les stresser, et les faire retomber dans de vieilles habitudes (ou en prendre des mauvaises). Pour éviter ça, autant utiliser un mors qui leur donne confiance, un mors avec lequel ils sont bien. Et ce n'est qu'une fois le nouvel exercice confirmé que vous pouvez rechanger de mors, si vous changez trop tôt vous risquez de fragiliser les nouveaux acquis.
NEANMOINS Heather insiste sur un dernier point (le plus important à mon sens) : "aucun mors ne remplacera un bon entraînement, et ce dès les bases mêmes du travail. Si un cheval ne comprend pas ce que le cavalier lui dit par le biais des rênes et ne sait pas comment y réagir, aucun mors au monde n'y changera quoi que ce soit".
Donc avant de changer de mors, soyez bien sûrs que votre travail est construit de façon logique, cohérente, et que vous ne zappiez aucune étape. Un jeune cheval ne SAIT pas, donc il ne faut pas reproduire ce que vous avez pu faire avec des chevaux plus dressés, mais chercher à lui expliquer ce que vous attendez de lui!
La taille, ça compte
N'est-ce pas Mesdames ;-)
Quand vient le moment d'acheter un mors, après avoir réfléchi à sa forme et à son action, il faut aussi considérer la taille des canons. Heather recommande une surface qui ne soit pas trop fine, 16mm est un diamètre idéal. En effet un jeune peut trébucher ou perdre l'équilibre assez facilement, ou se montrer un peu délicat. Un mors trop fin peut les rendre craintifs à la main, une erreur de main étant vite arrivée... donc mieux vaut un diamètre intermédiaire.
Là-dessus je modulerais un peu ses propos. Au début j'avais un mors à olives double-brisures pour Billy, 18mm. Un peu épais mais beaucoup moins qu'un truc caoutchouc. Ben il aimait pas du tout, agitait la tête dès que je prenais du contact même 2 secondes et tentait de passer la langue. La révélation est venue du jour où je lui ai mis un peu par hasard un mors de filet western dit "snaffle bit", brisé simple. Mors TRES fin (10mm je pense) et aux canons plus incurvés. Ben il a radicalement changé dans son attitude, pas énervé du tout. D'où ma réorientation sur le Myler, qui fait clairement moins de 16mm (je pense qu'il fait 12). Je peux moins prendre de tension dessus évidemment, c'est un mors qui s'utilise par "touchettes", mais le poon's vient chercher la main sans crainte, parce qu'il n'y a pas de grosse articulation qui le gêne ni des canons prenant trop de place dans sa bouche.
Idem, la propriétaire de Tim, welsh de 5 ans qui vient du même élevage que Billy, a eu beaucoup de mal à "l'emboucher", elle a finalement trouvé un mors Nathe droit en résine, assez fin et complètement souple. Tous les mors qu'on lui avait dit "teste, tu verras c'est top", c'était l'échec.
Comme quoi il n'y a pas de vérité, c'est à vous de faire plusieurs tests, d'observer comment est faite la bouche de votre cheval (beeeeeh c'est dégueu y a de la baaaave) et surtout de savoir comment est votre main...
Perfect fit
Dans le cas d'un mors à canons fixes par rapport à l'anneau, veillez à ce que le mors soit ajusté aux commissures, pour ne pas avoir de mors qui se déplace latéralement dans la bouche, au risque de parasiter la communication.
En revanche, dans le cas d'un mors à anneaux libres, prenez-le un peu plus grand, pour ne pas risquer de pincer les commissures de votre cheval.
Une bonne alternative entre canons fixes et anneaux libres : ce Sprenger "2-type", qu'on trouve aussi chez Stübben sous le nom de "golden wings" (ailes dorées, littéralement, si c'est pas mignon tout plein cette poésie!)
Essayer un nouveau mors
Quand on décide d'essayer une nouvelle embouchure, il faut faire ça proprement, dans une situation propice, avec méthode. Heather recommande d'être au calme, en carrière (ou un environnement connu du cheval donc "facile"), de ne pas vouloir enchaîner un parcours ou de travailler fort sur le plat. Il faut faire une détente à la cool, au pas et au trot, en amenant calmement les exercices que l'on veut faire. Et surtout, changez un seul paramètre à la fois, et pas tout en même temps (ie, ne pas essayer sa nouvelle selle, son nouveau mors et son nouveau bridon tout à la fois), de sorte à pouvoir bien se rendre compte des effets de la nouvelle embouchure par rapport à d'habitude.
Longer le cheval peut être aussi une bonne solution, pour laisser le temps au cheval de se faire à son nouveau mors sans le poids du cavalier sur le dos ni les mains. Il n'a qu'un seul objet à prendre en compte, et peut faire tranquillement "connaissance". S'il n'est pas vraiment en confiance ou qu'il a tendance à se braquer face au contact, Heather recommande l'emploi de rênes fixes pour l'aider à s'étendre et à trouver le contact dans la descente d'encolure et le mouvement en avant. Elles ne devront pas être réglées trop serrées, mais lui offrir assez de soutien pour qu'il se sente en sécurité et en confiance.
Si vous lui mettez pour la première fois un mors à gourmette, utilisez un protège-gourmette de sorte à protéger non pas la gourmette, mais l'os très sensible de la maxillaire inférieure.
A propos des actions de rênes, vous devez être certain que le cheval comprend bien ce que vous lui demandez, et est en condition physique suffisamment développée pour supporter leur action.
Dans le cas d'un jeune cheval, c'est d'autant plus important que vous preniez bien le temps de décomposer vos demandes lors de l'essai, sinon vous risquez de renforcer négativement une mauvaise expérience s'il est perplexe, et d'entraîner des défenses
Idem, j'ai à dire là-dessus.
Personnellement (mais ça n'engage que moi) je ne longe jamais avec la longe sur le mors, car la longe, par sa longueur, décuple toutes les actions de main (et donc toutes les erreurs de la dite main). Le mors est toujours plus ou moins mobile dans la bouche, donc il y a des mouvements parasites. J'utilise un caveçon paddé bien réglé et bien ajusté, qui offre un point fixe et permet un meilleur contrôle de la tête et de l'incurvation. On peut toujours longer en caveçon, avec le mors dans la bouche et rien de fixé dessus, pour permettre au cheval de le tester, de le mâchouiller, etc.
Ensuite, si jamais il faut enrêner, je préfère utiliser des rênes coulissantes plutôt que des rênes fixes, de sorte à définir un cadre au cheval tout en lui laissant la possibilité de se placer dans le dit cadre, en fonction de là où il se sent bien. C'est par le travail ensuite qu'il viendra étirer son encolure et son dos, en privilégiant une cadence lente qui lui permet de "monter". Mais bon, quitte à choisir, autant ne pas enrêner. Là encore, c'est une question de goûts, mais je ne me juge pas assez savante pour utiliser quelque chose de trop contraignant. Après, les gens font ce qu'ils veulent...
Enfin, vous pouvez toujours laisser le temps au cheval de se familiariser avec son nouveau mors en travaillant à pied. Il y a tout un panel de cessions et flexions, qu'on peut utiliser à l'arrêt, au pas voire au trot si vous avez le courage de trotter à côté du cheval (moi pas trop, mais je suis fainéante), pour tester ses réactions au nouveau mors.
Eviter les écueils les plus courants
Les problèmes qu'on rencontre parfois chez des chevaux "mûrs" sont souvent amplifiés chez les djeunz, et il faut savoir les désamorcer et les régler pour éviter de créer des problèmes qui vous pourriront la vie par la suite, à vous comme à lui...
Souvent les jeunes qui ne comprennent pas ce qu'on leur demande font les fortes têtes, se braquent et / ou prennent le mors aux dents. L'escalade vers des mors de plus en plus forts et contraignants ne règlera absolument pas le problème, au contraire, ça risque d'en poser d'autres par la suite. Souvent, c'est un problème de confiance ; or si vous cherchez à obtenir la confiance par la force, vous faites fausse route. Vous avez besoin de contrôle, certes. Mais si lorsque votre cheval flippe et vient buter sur un mors puissant, ça risque de le faire paniquer encore plus, de se mettre à la retourne, et bon courage pour rattraper ça.
L'idée ce n'est donc pas d'augmenter la soumission par des pressions de plus en plus forte, mais de déplacer les pressions et donc de modifier les actions. Un mors doit avant tout préserver la bouche, donc on doit pouvoir garder le contrôle sans être pendu aux rênes. Tout est en fonction de l'utilisation qu'on en fait!
Un autre problème que l'on rencontre fréquemment avec les jeunes, c'est celui du contact fuyant. Le cheval cherche à échapper à son mors en se plaçant systématiquement au-dessus de la main, ou pire, en arrière de la main. Heather recommande dans ce type de cas un mors à canons fixes type verdun ou olives, pour plus de stabilité, ce qui incitera donc le cheval à venir plus facilement au contact. Elle souligne néanmoins que c'est quand même bien plus souvent un problème de confiance qu'un problème de confort, donc un mors plus stable inspirera plus confiance.
Maintenant, si ce problème de contact persiste, il faut chercher le problème ailleurs : selle qui pince, problème ostéo, dents de loup ou surdents, têtière qui appuie trop sur la nuque...
Si le cheval s'encapuchonne vraiment systématiquement ou pèse fort sur la main, tentez plutôt un mors à anneaux libres, qui est plus décontractant. Dans votre monte, privilégiez l'action de la jambe interne pour le "décoller" de la rêne intérieure, et régulez sur la rêne extérieure. Un mors double brisé avec une olive centrale "inclinée" incitera le cheval à jouer avec son mors, à desserrer les dents et donc à peser moins fort. Attention quand même, le but ce n'est pas qu'il "ronge son frein" frénétiquement en étant bloqué sur le mors, mais qu'il ait la mâchoire décontractée et mobile, à l'écoute de ce que le cavalier va lui demander.
(on en revient à cette histoire d' "articulation temporo-mandibulaire" ou ATM comme disent nos amis les kinés et ostéo de tous poils...)
Intéressant en tout cas.
Pour le golden wings, j'avais hésité à me le prendre mais y'avait pas encore de retour sur ce mors. Enfin maintenant... vu le résultat du seul test de double brisé avec le gros... j'avoue être moins tentée.
Merci pour la traduction sinon.