Noémie, la fille au cheval asymétrique et aux selles Strada, m'a envoyé le scan d'un article paru dans une revue anglaise, Your Horse, intitulé "Bitting for babies", littéralement "emboucher un bébé" (mais c'est très moche dit comme ça). Le sujet c'est donc "comment trouver le bon mors pour un jeune cheval". Ceux qui ont été confrontés au problème le savent, c'est aussi galère que la recherche de selle de trouver un bon mors adapté!

Allez, c'est parti les kikis, je traduis. Vous trouverez ici le début de l'article, que je coupe en deux parce qu'il est très long.

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Bitting 1Vous voulez donner à votre cheval le meilleur "démarrage" possible. Trouver de suite le bon mors permettra de rendre toute la suite du travail simple et efficace. L'experte en mors Heather Hyde (créatrice de la marque britannique Neue Schule, un peu Sprenger dans le style) nous explique comment et pourquoi.

Trouver LE bon mors pour votre jeune peut être parfois un vrai casse-tête. De votre choix dépendront beaucoup de choses : si vous trouvez le bon, la progression sera fluide et facile, votre cheval sera à l'aise avec votre main et content d'être au boulot, vous partez sur de bonnes bases. Par contre si vous faites un mauvais choix, votre cheval risque de prendre des mauvaises habitudes, voire des défenses, dont se débarrasser sera un vrai chemin de croix.

Le mors n'est pas à considérer comme un simple guidon. C'est une ligne de communication directe, via la bouche du cheval, l'une des parties les plus sensibles. Donc le choix du mors, pour permettre une bonne communication, est primordial.
Heather souligne d'ailleurs que plus ça va, plus les cavaliers (outremanchots) réalisent que le choix d'un mors est aussi déterminant que le choix d'une selle, si ce n'est plus. Les deux sont d'ailleurs complémentaires.
Un bon mors peut durer tout une vie de cheval, l'accompagner dans toutes les étapes de son évolution, lui faire comprendre précisément et sans parasites ce que vous attendez de lui, et donc lui rendre la compréhension plus rapide et plus facile, avec un minimum de stress.Bitting 3
Heather ajoute : "c'est tellement plus facile et plus sympa pour votre cheval d'avoir le bon matériel, ça permet de faire les choses dans l'ordre, tranquillement. Toutes les étapes de son apprentissage s'enchaînent plus facilement, et quand vous lui demandez quelque chose de nouveau, il y a moins de chances qu'il panique et se braque s'il est en confiance. Pour être en confiance, il ne faut pas que le cheval ait mal quelque part. Donc avant de commencer son débourrage, vérifiez bien que le dos, les dents et le harnachement soient OK. On doit rechercher chez un jeune le mouvement en avant et un contact léger et constant. Vous voulez qu'il accepte la main et adopte un mouvement vers l'avant et délié, vous ne pourrez pas avoir ça sans résistance s'il ne se sent pas à l'aise".

Avant de choisir un mors, il faut déjà savoir faire son choix, qui se fait en fonction de la GRANDE variété de mors qui existent. Entre les anneaux, les articulations, les tailles et les formes de canons, et les matériaux... bon courage! Voilà un résumé compilé entre l'article

Différents types de mors

Le mors fonctionne soit par pression soit par effet de levier, générés autant par les canons que par les anneaux.

Les anneaux

Les anneaux coulissants du mors simple (loose rings) (ou mors Chantilly) offrent plus de jeu aux canons, et permettent donc de garder contact et dialogue même si le cheval se braque dans sa bouche. Ils ont donc un effet décontractant.

Des mors comme les Verdun (D-rings), les mors à olives (eggbutts) ou les mors à aiguilles (full cheek), les canons sont fixés aux anneaux, offrent une plus grande stabilité et incitent donc le cheval à venir chercher le contact. De plus ils ont un effet encadrant, et dans le cas d'un cheval qui flippe et fait demi-tour sur place, si la main ne suit pas, au moins le mors ne traverse pas la bouche et reste à sa place.

               

Mors Verdun, mors à olives, mors à aiguilles

Les mors avec effet de levier peuvent avoir soit des anneaux coulissants, soit des anneaux fixes. Des anneaux supplémentaires sont rajoutés au-dessus, au-dessous, ou des deux côtés et permettront d'agir en différents points de la tête et de la bouche. Les anneaux coulissants dans ce cas permettront de renforcer les effets de rênes, les anneaux fixes d'augmenter le contrôle.

        

Petit Pessoa, grand Pessoa, mors américain

Les mors dits releveurs (gag bits en anglais) ont des encoches dans l'anneau qui permettent de faire passer des liens coulissants (montants spéciaux) auxquels sont attachés les rênes, exerçant ainsi une pression sur la nuque et les commissures, pour permettre de fermer l'angle tête-encolure sans effet abaisseur.

Les mors à gourmette type Pelham ou mors de bride exercent une pression directe sur les barres et la langue, et plus généralement toute la mâchoire inférieure grâce à la gourmette, mais aussi sur la nuque avec leur effet de levier.

  

Mors espagnol / GoyoAga / Kimberwich (il a trois noms pour lui tout seul), mors Pelham, mors d'attelage dit "papillon")

(NB : si vous employez un mors qui agit sur les cervicales, Heather recommande l'emploi d'une têtière doublée et bien large, étant donné que la nuque est un endroit très sensible!)

Un beau filet Dy'on qui coûte bieeeen cher, on en trouve des bien chez Décat' sinon...

Les canons

(je reprends ici quelques illustrations d'un site assez bien fait, l'Escuderia)

Les mors à brisure(s) agissent sur les commissures des lèvres, les barres, la langue et les lèvres. Ils ont un effet "casse-noisette" qui est plus prononcé chez les mors à simple qu'à double brisure, et ont une action plutôt de releveur.

         

Les mors droits offrent plus de confort au cheval, l'incitant plus à se poser. La pression sur les bords externes de la langue et sur les commissures est réduite, par contre la pression sur la langue est augmentée. Ils ne permettent pas de travailler avec une rêne indépendamment de l'autre.

          

Les mors incurvés à rouleau central (comme mon Myler dont je parle chez Billy) fonctionnent un peu pareil que les mors droits avec petit passage de langue. Mais comme ils sont incurvés, ils respectent franchement l'anatomie de la bouche, et reposent principalement sur la partie épaisse et moins inervée de la langue. Ils ont une action très douce malgré leur finesse apparente, en n'agissant presque que sur les commissures. Le rouleau central, plus ou moins long, peut être articulé (mais pas toujours, attention!), ce qui permet d'avoir des actions de rênes dissociées. Ils donnent de bons résultats chez les chevaux qui réagissent en secouant violemment la tête ou qui "portent au vent".

Avec Billy, j'ai de très bonnes sensations, par contre il faut vraiment avoir la main douce, sinon il risque de s'enfermer assez vite. Lui aime bien parce qu'il a une grosse langue, le palais bas et une pitite bouche de bébé dans laquelle il y a très peu de place.

 

Les mors droits à passage de languepermettent de soulager les pressions sur la langue. Si le passage de langue est bas et large, le mors n'aura pas d'effet sur le palais, ni d'effet releveur. Si le passage de langue est étroit et haut en revanche, souvent associé dans cette configuration avec des anneaux à effet de levier, il agira sur le palais pour fermer l'angle tête-encolure et forcer ainsi à la flexion de nuque.

  

Mors de bride classique avec passage de langue bas, mors de bride western dit "cathedral bit"

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Voilà! comme vous le constatez, il y a une immense variété de combinaisons possibles... Comment choisir le bon pour son cheval? RDV bientôt pour la suite de la traduction!