Voilà, alors aujourd'hui c'est le Partner Nico qui se colle à l'écriture (enfin je fais un copier / coller de son texte), moi j'ai la crève j'arrive pas à réfléchir...

Here it goes!

Parce qu’aujourd’hui on n’a pas encore trouvé mieux en termes de résistances, de vieillissement, de compromis souplesse/tenue, d’accroche, de confort... vive le cuir !

C’est quoi le cuir ? Non ? Personne ? Une peau d’animal ? D’une certaine manière mais c’est incomplet.

Le cuir, c’est bien sur une peau d’animal (de n’importe quel animal), mais transformée : cette transformation s’appelle le TANNAGE et est réalisée par… (Suspense) … un ARTISAN TANNEUR!

la tannerie Rémy Carriat à Espelette

Le tannage a plusieurs objectifs :

- Rendre la peau imputrescible (qu’elle ne pourrisse pas, quoi)

- Lui donner des propriétés de souplesse et de résistance (qu’on adapte à l’utilisation finale du cuir)

- Lui donner la teinte voulue (la mettre en couleur)

Quel cuir pour la sellerie ?

Alors, évidemment il existe pleeeeeeeeins de cuir différents ! Sinon, c’est pas drôle...

            De la peau au cuir partie 1 : les opérations de rivière

Pour comprendre ceci, on va rapidement voir comment se passe la transformation de la peau en cuir. On parle d’un bout d’animal mort, alors c’est parfois pas super sex (surtout au début) (vous êtes prévenus) :

- Le décharnage : Comme son nom l’indique, on débarrasse la peau, côté chair, des excédents de … chair et de graisse en … grattant ! Cette opération est effectuée à l’abattoir ou à l’usine de dépeçage (yummy).

- Le salage/dessalage : On étale du sel côté chair afin d’absorber l’eau contenue dans les peaux, et ainsi ralentir le processus de putréfaction des peaux. Cette période peut durer de 2 à 15 jours et permet de conserver les peaux. Cette opération est généralement, elle aussi, réalisée à l’abattoir ou à l’usine de dépeçage avant envoi au tanneur, qui reçoit les peaux salées. Il les débarrasse de son sel afin de commencer sa préparation en vue du tannage.

- Le reverdissage : Le sel a rendu la peau assez rigide, l’a desséchée : il faut lui « redonner vie » avant de pouvoir la travailler. On trempe ainsi la peau dans un bassin où l’eau circule continuellement, pour la nettoyer d’une partie de ses impuretés, du sel résiduel et la réhydrater (ainsi lui rendre un peu de souplesse).

- Le pelanage et l’ébourrage : souvent effectué à la chaux, cette double opération vise à débarrasser la peau de ses poils et de son imperméabilité naturelle pour permettre aux agents de tannage de pénétrer. La peau repose dans un bac avec de la chaux, qui va dissoudre les protéines qui maintiennent les poils sur la peau (le pelanage), puis on va « gratter » les poils qui vont tomber à l’aide d’un couteau de rivière (l’ébourrage).

- L’écharnage : après avoir été rincée, la peau est débarrassée mécaniquement des dernières couches de graisse et de chair profondément ancrée dans le derme (pour les histologistes : le tissu sous-cutané).

- Le déchaulage : jadis fait en rivière, ce travail vise à éliminer les dernières traces de chaux dans la peau et à lui donner un pH neutre (égal à 7 : ni acide, ni basique). Aujourd’hui, cette opération est souvent faite en foulon (grosse machine à laver qui va tourner, lentement, pendant 6h avec un mélange visant à faire sortir la chaux de la peau et équilibrer son acidité)

Un foulon bois. Oui c’est un vieux, on en fait des plus modernes !

Ensuite on rince et on passe au tannage proprement dit.

            De la peau au cuir partie 2 : le tannage

Et c’est là que toute la différence va se faire.

En effet, on utilise le cuir dans beaucoup de domaines différents ! Qui dit utilisations différentes dit propriétés attendues différentes : plus ou moins souples, épais, résistante, imperméable, résistant à la décoloration, aux rayures….

Il existe plusieurs dizaines de modes de tannage différents. On les sépare en trois catégories : tannage minéral (dont le tannage chrome), tannage organique (dont le tannage végétal), et tannage mixte ou combiné (alliage des deux). Ici, la distinction est faite au niveau des produits employés pour le tannage. Evidemment, chaque mode de tannage va donner au cuir des propriétés différentes.

Ensuite, il a la durée et la méthode de tannage : lent, extra-lent, rapide, en cuve ou en foulon, qui va tout (ou presque) changer aussi.

Vous comprenez bien que tout détailler serait extrêmement long ! Je vais donc me limiter aux cuirs utilisés en sellerie française haut de gamme. Il y en a de quatre sortes principales :

- Le cuir de vache ou de taureau (dit cuir de vachette), tanné végétal, finition pleine fleur aniline ou semi-aniline et suifé.
Atchoum.
Bon, allez, je vous explique : c’est le cuir rigide qu’on emploi pour fabriquer quartiers, faux quartiers et petits quartiers, qui peut être grainé ou lisse. Le tannage végétal permet de donner au cuir une certaine résistance à l’usure et au frottement, et permet surtout de conserver toute l’épaisseur du cuir : il est en effet plus facile à travailler dans l’épaisseur qu’un cuir chrome. Vu qu’il va subir le frottement de l’étrivière et la jambe du cavalier, c’est un avantage incontestable. Enfin, il permet de garder un cuir naturel et de grande qualité esthétique. Un cuir de qualité va être tanné lent (4 à 8 mois) voir extra-lent (rare, 12 mois), en cuve à l’écorce de chêne. La référence incontestée en France est la tannerie GAL qui fournit tous les grands selliers. Continuons : finition pleine fleur aniline ou semi-aniline et suifé.
« Pleine fleur » : le cuir a deux parties : la fleur, et la chair. La fleur, c’est la partie externe du cuir, celle qui correspond au derme. C’est la partie en contact avec les éléments extérieurs (pluie, vent, etc..) et qui est donc la PLUS RESISTANTE. Pour notre usage, extérieur et sportif, il est donc primordial de la conserver à 100%. La chair est l’envers du cuir, correspondant à la partie de la peau en contact avec la chair, qu’on peut affiner sans fortement nuire à la résistance de l’ensemble. La finition aniline correspond à la finition et à la coloration du cuir : c’est une méthode de pigmentation qui pose un léger film sur le cuir, très délicat et qui donne un toucher souple et doux à la peau. C’est la seule finition acceptable en sellerie puisqu’elle permet de conserver un cuir suffisamment malléable pour être travaillé à la main. Elle donne aussi un cuir plus délicat d’entretien, qui va continuer à absorber graisse et eau : d’où l’importance de BIEN ENTRETENIR un cuir de sellerie de qualité !

- Le cuir de veau ou de taurillon tannage « LOW CHROME », foulonné, finition pleine fleur aniline.
Bon, vous devez avoir presque tout compris là. Explication des termes non connus : le veau ou le taurillon, c’est donc une petite vache/un petit taureau (woooaaaaw trop fort). La peau est plus souple et moins abimée (l’animal ayant eu moins le temps de se gratter à un arbre, de se prendre un coup de corne, et se manger une barrière, sisi, y’a des bêtes vraiment pas douées). Le taurillon, c’est un veau « adolescent » pas encore adulte, mais pas totalement veau non plus.
Les cuirs souples haut de gamme sont du taurillon : la peau est encore assez souple, mais plus épaisse (dû à l’âge plus avancé) et plus résistante. Ça coûte aussi un chouille plus cher, puisqu’il faut attendre plus longtemps et que le rendement est un peu moindre (animal plus âge = peau un peu plus abimée). Les grands tanneurs ne font que du taurillon, puisque c’est l’exigence des bons selliers (quand on vous dit « veau » chez ces professionnels-là, il faut comprendre « taurillon », c’est un abus de langage du profane). Ce cuir-là est utilisé, vous l’aurez deviné, pour les parties souples : le siège, les avancées de quartier, la doublure de quartier et l’habillage des panneaux.
Alors, c’est quoi le « LOW CHROME » ?!? C’est un tannage, comme son nom l’indique, au chrome, donc MINERAL. Le chrome va donner au cuir une excellente résistance à l’étirement et à la déchirure : c’est exactement ce qu’il nous faut pour le siège et les parties souples. Pourquoi « LOW » ? Parce qu’il est effectué lentement, en ne chargeant pas excessivement en sel de chrome le bain de tannage. En effet, le tannage au chrome est souvent accusé d’être polluant et allergène : de trop fortes teneurs en chrome pour un cuir de sellerie sont donc proscrites. Le chrome rend aussi le travail dans l’épaisseur plus difficile (sauf utilisation de machines style refendeuse, qui est un appareil qui enlève une épaisseur prédéfinie de cuir côté chair, mais sur toute la surface de la peau) mais pour les parties où il sert, on s’en fout.
« Foulonné », ça normalement vous avez compris : tannage au foulon. La rotation lente va permettre de donner au cuir plus de souplesse (le cuir bouge pendant le tannage plutôt que de rester à plat dans une cuve, donc continue à être mobile), sans nuire à sa résistance. « Pleine fleur aniline », ça normalement vous savez ce que c’est. La référence : Tannerie Remy CARRIAT (www.carriat.com).

- Le buffle, tannage combiné gras chrome, finition aniline pleine fleur. Le buffle, c’est ça :

TROMIGNON !

Le buffle est donc un animal originaire d’Asie (oui, même ceux d’Afrique. Et en tannerie haut de gamme, on n'utilise que du buffle d’Asie). Il a une peau plus résistante et plus épaisse que le taurillon qui conserve une souplesse suffisante même sur un animal adulte. C’est également une peau qui s’abime moins que la peau de vachette. J’explique le seul terme nouveau : tannage combiné gras chrome : on commence par huiler la peau pour la faire gonfler et la rendre résistante à l’eau, puis on effectue un tannage classique au chrome en foulon. La finition (coloration) est toujours la même : pleine fleur aniline. Le cuir de buffle, pour des questions esthétiques, mais aussi « d’accroche », est souvent nubucké (on effectue un très léger ponçage de la peau côté fleur pour lui donner un aspect velouté). C’est la grande mode en ce moment en sellerie. Là encore, la référence, c’est CARRIAT !

- Le cuir chromé : un cuir rigide, teint plein chrome. Il est extrêmement résistant à l’étirement. On s’en sert principalement pour deux choses : les contre-sanglons, qui vont subir la traction de la sangle, et les étrivières « plein cuir » (bas de gamme, les étrivières haut de gamme étant en nylon doublé de veau, encore plus résistant).

Et… les cuirs moins cher ?

Alors forcément, tous ces cuirs sont assez cher : procédés assez long, finition délicate… Certains selliers n’hésitent pas à être moins scrupuleux.

Les deux principaux cuir de mauvaise qualité qu’on peut trouver en sellerie :

- Végétal tannage rapide : au lieu de tanner lentement en cuve pendant 4 à 12 mois, on va remplacer l’écorce de chêne par des extraits et les faire pénétrer plus rapidement en plaçant la peau dans un foulon qui va tourner TRES VITE pendant 48h. Le procédé est considérablement plus rapidement, mais la rotation rapide va « casser » la fibre du cuir et le rendre beaucoup moins résistant. Il va se friper et s’user très vite. Alors certes, il est beaucoup moins cher, puisque plus facile à produire et moins rare, mais bon…

- Le cuir « fleur rectifiée » : la peau subit un ponçage côté fleur, ce qui supprimer la couche de la fleur la plus externe, celle qui comprend les cicatrices et autres imperfections. Ce qui va donner un peau plus uniforme à l’aspect (on « gomme » la peau) : on va pouvoir utiliser plus de peau (en effet, un sellier vraiment consciencieux va écarter les imperfections de la production, puisqu’à ces endroits-là la peau est plus fragile. En plus de se voir sur le produit fini. Ce qui va réduire immanquablement la surface de peau utilisable). Mais, non seulement ça fait utiliser des zones fragiles de la peau, en plus ça fragilise le cuir : on réduit l’épaisseur de la couche résistante. Alors certes, ça augmente le rendement d’une peau. Mais à quel prix ?

Voili voilou !

Alors, bien entendu, je cite GAL et CARRIAT, qui sont les références en France. Mais il y a pleins d’autres tanneurs, souvent plus petits (mais pas toujours) qui font très bien leur métier. Enfin, il existe pleins de variantes qui donnent des résultats très satisfaisants, au niveau des teneurs en chrome par exemple, de la finition qui peut être « semi aniline », ou des tannages « combinés ».

(Commentaire moi-même:

Désolé Nico mais je pouvais pas la louper celle-là)