La réputation de ce monsieur n'est plus à faire. Grand véto parmi les grands, précurseur de l'ostéopathie équine en France, il a longtemps et inlassablement parlé d'or, et de nombreux chevaux lui disent merci... Décédé en 2004 à 59 ans, ses écrits et ses actes restent encore bien présents dans la culture équestre française.

C'est grâce à lui en partie que j'en suis venue à m'intéresser au saddle-fitting - en fait, grâce au site Amazone2000 et à Marie-Hélène, qui avait publié un entretien avec Giniaux. Rendons à César ce qui est à César, c'est grâce aux amazones (pratique qui m'intéresse infiniment et qui est complètement oubliée et sinistrée en France, malgré quelques irréductibles Gauloises) que j'en suis venue à m'intéresser au saddle-fitting. Hé ouais. Elles doivent batailler pour trouver de vieilles selles de bonne qualité, souvent en mauvais état, qu'elles doivent faire retravailler... en outre, leur équilibre particulier sur le dos du cheval IMPOSE d'avoir une selle correctement fittée, sous peine de gros problèmes. Pas vraiment la peine de vous expliquer pourquoi, si?

Bon. Marie-Hélène, je fais ici une copie de l'entretien entre Danielle Rosadoni et Dominique Giniaux que tu as publié sur ton site, si cela t'embête, fais-le moi savoir ;-)

Entretien sur l’impact de la monte en amazone (Danielle ROSADONI) et le dos du cheval. Tellement d’avis contradictoires voir détracteurs nécessitaient l’avis d’un spécialiste de l’anatomie du cheval D’ailleurs vous constaterez que cela s’applique également à la monte à califourchon…

Le docteur Dominique GINIAUX , vétérinaire ostéopathe connu dans les milieux équestres répond à nos questions et nous donne ci-après son avis sur la monte en amazone et le rachis des chevaux :

- Dr.Giniaux, la monte en amazone est-elle, oui ou non, dangereuse pour le dos de nos chevaux ?

Nous voilà immédiatement au cœur du problème. Votre question est causée par la peur fréquente, d’effondrer le dos d’un cheval. Pour éviter cela, on cherche à faire porter le poids au sommet de la voûte, là où le rachis du cheval est le plus haut. C’est à cet endroit que le poids est le mieux supporté et qu’il permet de la manière la plus équilibrée, de tendre les deux arcs avant et arrière.

Or, le sommet réel de la voûte formée par le rachis n’est pas le garrot ou juste en arrière du garrot, à l’endroit où l’on fait porter les selles ordinaires, mais bien là où, à l’œil, le dos est le plus bas ; c’est à dire nettement en arrière, à l’endroit où par la force des choses, porte la selle d’amazone et s’assied le cavalier qui monte à cru.

On sait que les vertèbres du rachis comportent des apophyses épineuses de longueur différentes. Les apophyses du garrot mesurent environ 25 cms. Ce sont ces apophyses, et non les vertèbres, qui dessinent extérieurement le garrot et donnent l’impression d’une voûte, alors que les corps vertébraux eux-mêmes plongent naturellement vers l’avant dans cette zone. Mettre du poids sur la 9ème dorsale, comme on le fait classiquement a pour effet d’effondrer la partie antérieure du rachis, le dos se fige, l’arc arrière se bloque aussi, les muscles des épaules se tétanisent pour résister au poids qui porte sur l’arc avant.

Mais alors il faut considérer comme miraculeux que certains chevaux parviennent à se déplacer montés avec des allures brillantes ?

Oui, et je suis sûr qu’un cheval brillant sous une selle traditionnelle, serait encore plus brillant s’il était monté avec une selle reculée. D’ailleurs observez les gravures anciennes où les cavaliers et leur harnachement étaient à l’endroit idéal. Je ne préconise pas de revenir aux selles anciennes, mais en gardant l’acquis et les techniques actuelles, de modifier le point d’impact.

 

J’ai fait de multiples expériences extrêmement révélatrices. Celle par exemple où l’on met un cavalier moyen qui ne sait pas tendre un cheval. Sur une selle traditionnelle on lui demande de s’arrêter. Neuf fois sur dix, le cheval s’arrête campé. On met le même cavalier, avec une selle reculée et on lui demande de s’arrêter : le cheval s’arrête carré et tendu sans aucune action des jambes. C’est pour lui, anatomiquement la meilleure manière de s’arrêter sans que l’on ait besoin de le solliciter pour ce faire.

 

Donc, vous êtes formel : la monte en amazone, qui fait porter le poids plus en arrière que les selles classiques, non seulement n’est pas dangereuse, mais est plus naturelle pour le cheval dans son anatomie et ses allures ?

Elle est même bénéfique. Le poids se trouvant au sommet de la clef de voûte, là où le cheval peut le porter, les muscles vont se développer en souplesse et de manière harmonieuse. Il faut cependant faire attention au début. Bien qu’un cheval monté pour la première fois en amazone soit presque toujours plus à l’aise et plus souple, il fera travailler des muscles qui n’ont pas été sollicités précédemment et il en aura des courbatures, ce qui est normal. Il suffit d’être prudent et de l’habituer progressivement à cette monte. Quand on aura dépassé le stade des courbatures, on atteindra celui d’une véritable et saine construction du dos.

Pourquoi alors dit-on qu’un cheval d’amazone doit avoir un bon dos, large et porteur ?

Mais le dos de tout cheval d’amazone devient porteur ! Il ne peut faire autrement. La réponse qu’il donne au poids se fait dans le bon sens et, ce qui est lié, dans la décontraction. Cette " rumeur " vient de la méconnaissance et justement de chevaux en règle générale qui n’ont pas un si ‘bon dos " avant d’être travaillés avec une selle en place tel que je vous l’explique.

Parlons un peu dressage, certains prétendent qu’il faut une " pince " (jambes) énergique pour rassembler son cheval ce que ne peux faire une amazone ?

Si vous avez bien compris ce que je vous ai expliqué, vous comprendrez aussi que la " pince " est surtout nécessaire pour contrebalancer les effets de la monte en avant. Un cheval d’amazone, sous une amazone confirmée s’entend, n’a pratiquement pas à être rassemblé. Il est en équilibre et il se rassemble de lui-même parce que c’est pour lui la manière la plus naturelle de répondre au poids : rappelez-vous ce que je vous disais sur la tension harmonieuse des 2 arcs avant et arrière. Pour en finir avec la pince, admettons qu’elle soit utile à certains cavaliers pour se tenir en selle de même que pour entraîner le déplacement du poids du corps sur une fesse ou sur l’autre. Mais c’est le déplacement du poids du corps qui compte avant tout, pas celui de la jambe. Aucun grand cavalier montant à califourchon ne niera que c’est avant tout son équilibre qui fait engager et qui rassemble son cheval. L’amazone étant parfaitement stable en selle grâce aux fourches n’a pas besoin d’enserrer les flancs de son cheval pour se tenir. Quand au poids du corps, elle est bien obligée d’apprendre à s’en servir sans les jambes.

Peut-on craindre, à la longue, une dissymétrie du cheval du fait de la monte dans les fourches ?

Il n’y a aucune raison, si l’amazone est assise comme elle le doit, dans l’axe de son cheval, et qu’elle veille à travailler également aux deux mains, de craindre une dissymétrie. Pour moi, la question essentielle est celle du poids su corps qui, dans la monte en amazone, est placé là où anatomiquement il doit être.

Le saut d’obstacle en amazone est-il plus éprouvant pour le dos du cheval ?

Je ne vois pas pourquoi. Mais ma réponse est contenue dans mes propos précédents. Le cheval n’étant pas perturbé par un poids placé à contresens, a toutes chances de sauter dans un équilibre optimum. De plus, si l’amazone a travaillé son cheval sur le plat régulièrement il a toute les chances de s’être fait " un bon dos " dont il se servira pour basculer au dessus de l’obstacle sans que cela gêne ses épaules. Il est par contre nécessaire bien sûr que l’amazone apprenne à accompagner correctement le saut. Les techniques d’obstacles ne relèvent pas de la compétence d’un vétérinaire mais ce dernier ne peut que se réjouir que l’amazone, tenue par ses fourches, ne retombe pas lourdement sur le dos de son cheval ou de s’agripper aux rênes, gênant ainsi l’extension de l’encolure comme l’on peut le voir parfois par des cavaliers de saut à califourchon moyennement expérimentés…..

En conclusion la monte en amazone correctement pratiquée répond parfaitement à ma théorie et ma conception de l’emplacement de la selle et du cavalier. Voici quelques propos bien instructifs et à méditer où essayer, pour ma part tout cela me paraît bien logique…